Quand on est fan de mulots (merci Disney... et l'informatique), il existe un paquet de jeux de société de qualité pour nous permettre d'endosser le rôle de ses adorables petits rongeurs (Aftermath, Mice & Mystics...). Par contre, quand on adore les toupies, à part rentrer en douce dans les cours d'école pour squatter les parties de Beyblade, on reste vite sur notre faim côté ludisme.
Alors quand un jeu promet de pouvoir allier deux passions à priori incompatibles, on ne peut que crier au génie, scander l'incroyable, chanter ce rêve bleu, voir de gospeller un air à l'attention de François Bayrou notre sauveur (mais là je diverge). Un salut qui vient de Ghost Adventure, un jeu de dextérité collaboratif familial sorti fin d'année 2020 chez Blackrock Games.
L'histoire, la quête d'une souris fantôme dans le sauvetage de son monde, n'est pas qu'un prétexte à offrir un visuel chatoyant au jeu (sublime au demeurant), mais permet de donner corps à un mode aventure qui se révèle au fil des pages d'une chouette bande dessinée incluse dans la boîte.
Mais l'on peut aussi très bien jouer à Ghost Adventure de manière dilettante, en allant piocher dans un livret secondaire bien charnu proposant des quêtes offrant jusqu'à quatre niveaux de difficulté.
Quelque soit le mode choisi, une mission suit toujours la même routine, et demande toujours à votre groupe de faire progresser la toupie sur un parcours pré-établi obligeant à enchaîner jusqu'à 6 plateaux (pour les plus difficiles).
En plus du chemin entre le cercle de pierre (point d'entrée) et la sortie du plateau à suivre, chaque niveau impose des tâches à réaliser. Récupérer une clé, tuer un ennemi, ... tout passe par des cibles précises sur lesquelles il faut stationner quelques secondes, afin de valider le niveau et offrir le droit au joueur de rejoindre la sortie et transmettre la toupie en mouvement au prochain joueur.
L'auteur n'a d'ailleurs pas lésiné sur les moyens pour nous faire suer. Outre les divers trous et les chemins étroits présents de base sur les plateaux, certaines cibles à atteindre demandent en effet à passer par des zones "saut" pour atteindre un niveau supérieur de vos plateaux (conçus en relief, avec deux couches de progression distinctes). Jusqu'à demander pour les quêtes les plus avancées à retourner son propre plateau, la toupie toujours en mouvement !
Pour vous aider,Ghost Adventure inclut tout de même un système de checkpoints (encore des points sur lesquels stationner) et des potions, sorte de vie à utiliser quand votre toupie s'arrête, se bloque ou tombe du plateau. Mais ces dernières sont en quantité limitée en début de partie, et les endroits pour en récupérer ne sont pas du genre accessible.
Si les premiers niveaux sont conçus pour vous plonger dans le bain, Ghost Adventure vous demandera tout de même un petit temps de rodage, et peut être quelques essais préliminaires en amont dans le fond de la boîte conçu à cet égard. Car déjà il va s'en dire qu'un "boardgamer" est plus habitué à lancer des dés ou pousser des kubenbois qu'à incliner un plateau pour diriger une toupie, et la propulser à quelques centimètres de hauteur pour réaliser des actions diverses.
Mais surtout parce que Ghost Adventure n'est pas facile, et demandera une certaine persévérance (et de nombreux essais) pour arriver jusqu'au bout.
Et on ne va pas se le cacher, c'est cette exigence constante et la peur permanente de perdre sa dernière potion de vie qui font tout le charme de Ghost Adventure, et en font un excellent jeu de dextérité à partager avec toute la famille. L'âge de base requis peut s'avérer par contre un peu trompeur, car si les premiers niveaux sont clairement réalisables à partir de 7/8 ans, il faudra avoir sous le coude des enfants assez agiles et maîtres de leurs doigts pour aller loin dans l'aventure.
Clairement, vous retiendrez certainement plus les échecs, les fous rires, les sorties de route dans la dernière ligne des stands, que les réussites insolentes, et c'est tout ce qu'on demande à un jeu censé fédérer et offrir des moments de convivialité.
Si j'avais juste un bémol à émettre, c'est que Ghost Adventure manque peut-être un peu de variété sur la longueur. Je ne peux m'empêcher de le comparer à Slide Quest, que ce soit par son design cartoon ou son concept de jeu de dextérité collaboratif à difficulté progressive. Et c'est vrai que je garde une préférence pour ce dernier, qui a l'avantage pour moi d'offrir plus de renouvellement et de surprises au fil des niveaux, et permet d'enchaîner les parties avec moins de lassitude sur le long terme.
N'empêche que Ghost Adventure reste une jolie pépite. Excellement bien produit, doté d'un concept accrocheur et ultra original, il s'avère déjà être un incontournable de ces jeux évidents à offrir à un enfant, quelque soit la circonstance.
Anniversaire, huitième communion, Bat-mitzvah, moins de 60 fautes à la dictée de la semaine, toutes les occasions sont bonnes, tant que l'enfant aime à s'employer un tant soit peu, ne râle pas trop en cas d'échecs répétés, et enchaîne les parties avec parcimonie, afin de profiter au mieux du plaisir de sortir le jeu.