Super Fantasy Brawl
Super Fantasy Brawl est ma première incursion dans l'univers de Mythic Games. Oui je sais c'est fou, surtout venant d'un gars qui teste une grosse centaine de jeux par an. Cela me fait mal de le dire. Et le plus drôle avec tout ça, c'est que c'est en plus grâce à mon fils de 11 ans, qui un jour d'avril 2021 a craqué sur une publicité du jeu et a vidé dans la foulée toute sa tirelire pour se le commander.
Je ne vous cacherai pas que l'attente fut moins longue pour moi (malgré ma curiosité maladive) que pour lui, comme en atteste le bon millier de "c'est quand qu'il arrive" avant sa réception libératrice (KS est un super exercice de patience pour un enfant que je conseille ardemment). Mais grâce à ma petite boule de nerfs, j'ai pu confirmer que la réputation de l'éditeur français n'est pas usurpée : Il sait en mettre plein la vue !

Je passerai rapidement le travail d'illustration coloré et "nerd" comme il faut, les éléments cartonnés très qualitatifs et le plateau qui a une vraie présence sur la table. Je n'en attendais pas moins d'un des papes du crowdfounding.
Mais j'avais beau y être préparé, j'ai quand même pris un bel uppercut avec les fig's, aussi grandes, ultra détaillées que fondues dans de sublimes et dynamiques postures. Effet KS oblige, le jeu venait avec des statues gigantesques à placer au centre du plateau et son lot de pièces 3d aussi inutiles qu'indispensables une fois qu'on y a goûtées. Une vraie claque visuelle, jusqu'à me faire dire que c'est peut-être le plus bel effet waouuh que j'ai eu ces six derniers mois (et pourtant j'ai vu de très belles choses, ici, là et encore là).

Mais est-ce que cela suffit à faire un bon jeu, surtout quand le livret de règles me semble effroyablement mince pour un jeu "gamer" ?
Ce qui est certain, c'est que Super Fantasy Brawl est un jeu d'escarmouche en arène où 2 joueurs (voir 4 en équipe) s'affrontent pour divertir le monde. Chaque participant doit composer au départ une équipe de 3 champions qui viennent chacun avec une fiche profil évolutive et 6 cartes combat (à mélanger pour composer son deck personnel pour la partie). Etonnamment (pour le genre), il n'y a pas forcément besoin d'occire son adversaire pour l'emporter : La victoire se joue en 5 trophées gagnants que l'on peut glaner aussi en réalisant des missions disponibles sur un des bords du plateau de combat.

Un tour de joueur débute justement par vérifier s'il satisfait à l'une de ces conditions, ce qui lui permet d'emporter le nombre de trophées attenants à la carte avant de la défausser. Vient ensuite le temps d'activer ses personnages. Un joueur dispose de trois jetons essences de magie (rouge, jaune et bleu) et peut s'en servir soit pour réaliser une des actions basiques indiquées sur son mini-plateau de jeu, soit activer une carte de la même couleur.
Beaucoup de ces cartes permettent de réaliser un déplacement de une à plusieurs cases suivi d'une attaque au corps à corps ou a distance, qui peut même affecter plusieurs personnages avec des effets de zone. La plupart offre aussi des effets supplémentaires qui vont de sprinter, sauter ou pousser, jusqu'à réaliser des combinaisons complexes ou générer des états particuliers. Super Fantasy Brawl nécessite à cet effet l'apprentissage d'une petite vingtaine de termes qui dans l'ensemble sont très logiques et facile à assimiler, même si je pense qu'une FAQ n'aurait pas été superflue pour gérer certains cas spécifiques.

Dans tous les cas, les conflits se règlent en deux secondes, en faisant la différence entre les points d'attaques et les éventuels boucliers naturels du champion, auxquels on peut ajouter le pouvoir de cartes "réactions", moyennant la perte d'une essence pour son tour d'attaque à venir.
Et à ce sujet, je crois que l'adage "la meilleure défense est l'attaque" n'a jamais été aussi vraie que dans Super Fantasy Brawl. Une fois son tour passé, on ne peut que rarement réagir aux actions de son adversaire, et il faudra souvent d'avantage prier pour un tirage de carte malheureux que de croire que notre champion à 2 points de vie va survivre jusqu'à ses prochains mouvements personnels.

Ce dynamisme, cet impossibilité de bloquer une partie en "bétonnant", est autant une force qu'une petite faiblesse, certaines combinaisons de héros semblant vraiment avoir l'avantage dans des affrontements en frontal.
Là où j'ai été surpris, c'est que malgré des règles qui tiennent sur les doigts de la main et des phases combats simples à gérer, les faces à faces dans Super Fantasy Brawl peuvent se montrer d'une finesse et d'une richesse étonnantes.

Les cartes missions sont à ce titre l'excellente idée du jeu. Avoir une majorité autour d'une statue, faire évoluer ses champions, réaliser des petits objectifs ... ces cartes ouvrent tout un panel de stratégies qui permettent de l'emporter en donnant un minimum de coups, tout en rajoutant des composantes bluff et anticipation vraiment agréables à des affrontements au premier abord si "frontaux".
Si je reste convaincu qu'avec un terrain plus impactant (seul des pièges et les murs peuvent provoquer des dégâts) et surtout modulaire aurait permis au titre de gagner encore plus de fun, Super Fantasy Brawl réussit l'exploit de lier accessibilité et vraie profondeur d'apprentissage (la connaissance des forces et faiblesses des personnages devient une vraie force sur le long terme), et ce pour nous offrir des parties vraiment épiques.

Ma dernière partie s'est d'ailleurs soldée par une défaite alors que je menais... 4 à 0. Trop de tergiversations, quelques entourloupes bien senties de mon adversaire pour un retour fracassant et un combat mémorable : Ce qui me fait largement validé que Super Fantasy Brawl est un excellent jeu d'affrontement qui donne envie d'enchaîner les parties, tester plusieurs combinaisons de personnages, même si on est vraiment pas doué comme moi !


