"Il y a maintenant presque 2 semaines que Jean, votre frère, n'a plus donné signes de vie. Les dernières nouvelles que vous avez de lui proviennent d'une lettre expédiée depuis le mont Blanc. Sans nouvelles, vous vous êtes lancée sur ses traces. Il est anormal qu'il ne vous ait pas appelée, d'autant plus qu'il ne vous répond pas et que personne ne sait où il est. Décidée à le retrouver, vous avez suivi ses traces jusqu'au refuge de l'Aigle ...".
Voici le pitch de Back Stories : Seule sous la Glace, un jeu d'enquête narratif coopératif qui fait grand bruit depuis sa présentation à Cannes au tout début de l'année. Sa spécificité ? Proposer un système de jeu qui vous permet, comme dans les jeux vidéos Point and Click de la période faste des années 80/90, d'interagir avec votre environnement grâce à des mots clés.
Dans les faits, cela passe par des cartes perforées "actions" (fouiller, discuter, montrer la lettre de Jean, ...) qu'il faut appliquer au dos d'une des cartes Panorama que compose la scène actuellement vécue pour afficher le résultat de notre interaction. C'est aussi simple qu'ingénieux, puisque en plus de nous afficher directement le résultat direct de nos agissements, vous pouvez aussi révéler des nombres qui demandent à chercher de nouvelles cartes dans le paquet pour faire évoluer la scène ou déclencher des discussions à choix multiples.
Si vous avez connu les "Livres dont vous êtes le héros" plus (ou moins) jeune, Back Stories : Seule sous la Glace génère la même impression d'avoir un vrai contrôle sur votre destinée, avec plus ou moins de conséquences fâcheuses selon où vous placez votre curseur aventurier. Le titre rajoute d'ailleurs à cela la possibilité de trouver des d'objets (que l'on peut combiner aussi avec les cartes Panorama), et surtout un système d'évolution de votre personnage par des cartes que vous allez devoir ensuite glisser derrière votre héroïne.
Alors certes ce système est ultra basique, puisqu'il n'affecte que l'état physique et mental de "Sophie". Mais il ajoute une vraie tension en jeu plutôt fun (même si, spoiler, pas beaucoup d'effets sont positifs), en plus d'amener des rebonds différents selon votre situation du moment qui décuplent l'immersion dans la narration.
L'histoire d'ailleurs, parlons-en. Sachez-le, en une heure de temps que dure le scénario, vous ne vivrez pas une aventure dantesque vous envoyant aux quatre coins du monde, avec des embranchements narratifs à foison et des retournements à chaque coin de grotte. N'empêche que l'histoire contée par Back Stories : Seule sous la Glace se suit avec grand plaisir, en incluant quelques choix cruciaux altérant notre expérience et des évolutions de gameplay surprises dynamisant cette quête familiale addictive dès les premières minutes de jeu.
Et ce qui est fort plaisant avec Back Stories : Seule sous la Glace, c'est que le dosage des énigmes est juste "comme il faut". Rien de novateur ou surprenant dans leurs conceptions, on reste sur des schémas classiques pour le genre. Mais cette surcouche suffit à modifier agréablement le tempo, créer des moments de réflexions communes sympathiques, tout en ne bloquant jamais outre mesure la progression d'une partie (même si attention, certaines ont un vrai impact sur votre fin) !
Pour un résultat final plutôt probant.
Back Stories : Seule sous la Glace s'avère être un "one shot" narratif aussi malin dans sa conception qu'extrêmement plaisant à dérouler. Tellement d'ailleurs que nous avons presque été déçus de voir la carte Fin arriver, même si le talent et un peu de réussite nous on permit d'atteindre la "good ending" du premier coup.
Est-ce que l'on était trop "happé" par le jeu ? Est-ce que l'histoire prend fin un peu abruptement ? Un peu des deux certainement. Mais ce qui est certain, c'est que cela confirme le potentiel mécanique dingue de Back Stories : Seule sous la Glace, et je croise d'ailleurs vivement les doigts pour des suites un peu plus dodues, sur plusieurs chapitres pourquoi pas, permettant de valoriser comme il se doit la capacité du jeu à offrir ce libre-arbitre extrêmement satisfaisant.
Difficile pour finir de ne pas vous enjoindre à tenter l'expérience, surtout vu le prix "menu" de la bête. Un jeu à partager selon moi idéalement à deux afin d'avoir son mot à dire, tout en profitant d'une interaction de sensibilités qui vous obligera à pas mal de concessions, croyez-moi !