Vous connaissez les Gashapon ? Vous savez ces machines qui en échange d'une pièce nous offre un mini-jouet aléatoire enfermé dans une capsule en plastique ?
Si en France elles ont longtemps été cantonnées à l'entrée de nos centres commerciaux, jusqu'à majoritairement disparaître juste avant les années 2000, au Japon c'est une véritable institution, avec des machines qui peuvent remplir des magasins entiers, et un marché qui pesait en 2017 plus de 225 millions d'euros.
Mais que les fans nostalgiques se rassurent, Jason Levine, par l'intermédiaire de Bankiiiz Editions, est bien décidé à relancer la mode avec Gasha, un tout petit jeu de cartes dédié à ces figurines aussi inutiles pour son porte monnaie qu'indispensables sur ses étagères.
Et Gasha, c'est déjà clairement une ambiance. De la boîte aux cartes du jeu, c'est couleurs vives, illustrations kawaii et esprit manga à tous les étages. Que l'on trouve cela kitsch ou "trop cute", le travail visuel colle parfaitement à la thématique arborée fièrement par cette petite boîte d'une quinzaine d'euros, proposant en majorité des cartes et des jetons en carton qui font le travail.
Comme tout bon fan hardcore de ces petites figurines, le but ici est de réaliser la collection qui en mettra davantage plein la vue que celles de ses camarades, en récupérant des cartes du même nom offrant un panel plus ou moins varié de points suivant la complexité de la tâche.
À chaque tour de jeu, un joueur à une action à réaliser parmi deux. La première, c'est de tirer deux cartes Gasha du sommet d'une ou deux piles toujours disponibles du centre de la table. Et tout comme si vous vous trouviez enfant devant une machine à glisser fébrilement votre piécette dans la fente, le hasard est bien présent : Chaque dos de carte Gasha vous montre l'éventail des jouets possibles, mais c'est seulement en retournant la carte que vous connaîtrez votre cadeau !
Le jeu recense en tout 5 objets différents, allant du Kitsune (Yokai Renard) tout mignon au robot que ne renierait pas Evangelion, Power Rangers et compagnie. Et il va falloir se battre pour récupérer l'une des quatre cartes collection visibles par tous (la deuxième action du jeu), qui se fait en se départissant des Gasha indiqués dessus, qu'ils soit explicites (icônes correspondant aux jouets) ou que vous respectiez des contraintes (deux fois la même figurine par exemple).
En échange, vous gagnerez majoritairement des points de victoire, mais aussi des moitiés de tickets, qui vous permettent de piocher des jetons bonus, offrant aléatoirement points, droit de rejouer ou cartes Gasha supplémentaires si vous arrivez à en récupérer deux de la même couleur (les tickets arc-en-ciel servant de joker).
Et indiscutablement, cette quête "aléatoire" des jouets est la belle idée du jeu. Car en plus d'être totalement en accord avec cet acte d'achat surprise que l'on regrettait enfant en vrai les trois quarts du temps, le jeu est régit par une certaine tension constante qui ne va cesser de monter au fur et à mesure des tours, quand vous allez sentir les autres joueurs engranger les points et lorgner de plus en plus vivement sur les cartes collections qui vous intéressent.
Gasha s'avère être un jeu de course frénétique, sans véritable temps mort, qui pourrait correspondre à beaucoup de familles en quête d'un petit jeu ultra accessible et non prise de tête pour occuper leurs têtes blondes l'histoire d'une demi-heure.
Reste que si vous êtes un chouïa exigeant (même pour un jeu "enfant"), Gasha se montre quand même un peu fade en bouche. Même si Gasha intègre une gestion de sa chance (au tirage) et un système de bonus qui peut créer des petits retournements de situation ou orienter un peu notre jeu (par le choix des couleurs de tickets), on ne contrôle pas véritablement sa destinée ni active nos neurones outre mesure. On pioche, on regarde nos cartes, et on espère à chaque tour que les étoiles s'aligneront plus vite que celles des autres afin de récupérer les cartes collection les plus intéressantes.
Est-ce que cela fait de Gasha un mauvais titre ? Non, pas du tout. Les mécaniques fonctionnent bien, le jeu est mignon, le thème colle parfaitement à ce sentiment de subir le hasard qui nous suit tout au long de la partie. Et je pense qu'il y aura un paquet de petits garçons et petites filles qui prendront plaisir à jouer à ce jeu, surtout avec un thème qui éveille autant les sens.
Mais ce sujet de la collection à outrance n'est vraiment pas assez poussée pour vraiment convaincre sur la durée. Et à un temps où 6000 jeux sortent par an, Gasha manque quand même de "consistance intellectuelle" (on est pas loin d'une bataille déguisée) et surtout de pouvoir ajouter des subtilités mécaniques si l'on désire monter le niveau d'un cran, pour que je puisse vraiment vous le conseiller. Surtout si comme moi vous aimez amuser vos enfants tout en les faisant réfléchir un peu.