Alors Jekyll & Hyde vs Scotland Yard, simple mise à jour de Jekyll & Hyde, le premier jeu du triptyque lancé par Mandoo Games en 2021 ?
À première vue on pourrait le croire, tant on retrouve dans les deux boîtes pas mal de similarités mécaniques et la même base de jeu de levées pour deux joueurs où la différence de plis gagnés a une incidence sur une piste d'un plateau central.
En outre, il faut encore ici composer avec trois couleurs de cartes dont la "force" se détermine par l'ordre dans laquelle la première carte est jouée dans une manche. Ce qui signifie que si le rouge apparaît en dernier, cette couleur prendra le pas sur toutes les autres au cas où un joueur soit obligé de "couper" (ne pas pouvoir jouer la couleur demandée ou une carte Potion).
En parlant des cartes Potion, elles sont elles aussi encore de la partie, et permettent de déclencher un pouvoir intéressant selon quelle couleur de carte elle suit ou précède (différents cas peuvent se présenter selon si rien n'a été joué avant ou après).
La carte Potion grise permet de prendre la première carte du paquet Scotland Yard avant de la remplacer par une de sa main. La Potion bleue permet d'interchanger deux jetons de hiérarchie des couleurs. La Potion rouge permet de donner le dernier pli remporté par le camp Scotland Yard à l'un des deux joueurs. Dans tous les cas, une carte potion prend la couleur de la première carte "normale" jouée durant un pli, et gagne les égalités directes si par exemple une carte 5 est a la lutte avec une potion 5 (un petit plus dessiné dessus est là pour vous le rappeler).
Mais c'est quoi cette histoire de Scotland Yard me direz-vous ? Tout simplement l'une des spécificités de ce jeu (fort heureusement), qui va notamment demander aux joueurs cette fois-ci de collaborer en usant d'une communication limitée. Et cela en composant avec un troisième joueur factice !
Le jeu de ce trublion se décide d'ailleurs en grande partie par les humains, qui après avoir reçu 12 cartes lors de la distribution doivent en réserver 4 à son dessein (avec par contre l'obligation de donner ses cartes 8). Une fois les cartes mélangées et placer sur un bord de la table (à une place prédéfinie), les joueurs seront ensuite amenés à tirer la première carte du paquet lors de chaque pli, en suivant bien sûr toujours l'ordre naturel donné par le sens des aiguilles d'une montre.
Cette intrusion policière automatique a plusieurs incidences sur le gameplay. La première (et la plus simple à expliquer), c'est que c'est toujours Scotland Yard qui ouvre chacune des deux manches que comptent une partie. La deuxième, c'est qu'il y a maintenant sur le plateau un jeton commun pour les joueurs et un pour l'adversité, et que l'on perd si l'on atteint pas la dernière case à la fin de la partie, ou si le pion Scotland Yard nous dépasse durant la partie.
Mais la modification la plus importante vient du fait que c'est maintenant le nombre de plis le plus bas entre les deux joueurs qui sert de valeur d'avancement, et que des icônes peuvent faire évoluer la progression de chaque pion en fin de manche selon ... le scénario choisi.
Car ici, il y a la présence d'un chapitrage.
Jekyll & Hyde vs Scotland Yard amène des cartes Chapitre affichées par deux qui offrent à la fois un texte d'ambiance scénaristique (aussi court que figuratif), et à la fois des conditions de jeu et de victoire différentes. Les règles complètes du jeu sont amenés progressivement des chapitres 1 à 3 amènent progressivement, quand le chapitre 4 propose la version "classique" du jeu, et les chapitres suivants des variations incluant des contraintes et des défis de plus en plus prégnants.
Et pour tout cela, la valeur ludique de Jekyll & Hyde vs Scotland Yard est selon moi, bien supérieure à son aîné !
Car si la base mécanique est la même et toujours aussi intéressante, cette version remplace l'adversité frontale directe et l'aspect un peu chaotique du premier par une profondeur cognitive sublimée.
L'idée ingénieuse de participer à l'élaboration du paquet Scotland Yard a une vraie incidence sur la stratégie, mais ce n'est rien par rapport aux vraies discussions tactiques pré-distribution (avant silence radio quasi total obligatoire) et de tenter de rentrer en osmose avec son partenaire au fil d'une adversité mécanique de plus en plus intense.
Certes, on pourra juste se navrer que cette difficulté est surtout basée sur l'ajout de contraintes, sans profiter de l'occasion pour bouleverser un peu le gameplay ou donner de nouvelles armes aux joueurs.
Mais ne vous y trompez-pas, le challenge reste hyper prenant, les parties ultra rapides facilitent grandement l'envie d'y revenir. Et il vous suffira de trouver le bon partenaire pour que Jekyll & Hyde vs Scotland Yard vous accompagnera au moins le temps de réussir une grande majorité des défis qu'il offre. Surtout que si vous cherchez absolument un jeu de plis coopératif parfaitement dimensionné pour deux joueurs, l'offre en magasin se compte sur les doigts d'un E.T. qui aurait perdu ses mains dans un accident de vélo (désolé je n'avais que ça comme métaphore en magasin !).
Fin de gamme quasi annoncée, reste à comparer les trois jeux de la série. Et indiscutablement Jekyll & Hyde vs Scotland Yard gagne d'une vraie tête son duel avec le jeu original, rien que pour le fait de proposer une expérience un peu plus emballante sur le long terme et toujours aussi facile à sortir, expliquer et jouer.
Mais je vous avouerai que celui qui siège sur le trône restera Dracula Vs Van Helsing, qui monte clairement de plusieurs crans la complexité d'approche et de réflexion cognitive (surtout par rapport à Jekyll vs Hyde, beaucoup plus accessible et tout public). En échange d'un jeu d'affrontement original, profond et riche en rebondissements !
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