
7 Wonders Architects, ce n'est ni plus ni moins que le troisième volet (un peu surprise il faut le dire) de l'incontournable saga d'Antoine Bauza. Par contre ici, exit le développement de civilisation complet via des systèmes de draft de l'original et de la version duel. Non, 7 Wonders Architects demande à s'atteler uniquement, et ce le plus rapidement possible, à la construction de la merveille liée au peuple choisi au préalable.

Ce nouvel opus met d'ailleurs la rapidité à l'honneur, et ce déjà dans sa mise en place. La boîte intègre un astucieux système de sept boîtes civilisations individuelles qui contient tout le nécessaire pour s'affronter en un clin d'œil. Chaque joueur reçoit au départ une de ces boîtes (aléatoirement ou après joutes IRL), en tire les 5 morceaux de merveille pour la monter sur sa face "en construction", et mélange son paquet de cartes de base qu'il place entre lui et son voisin de gauche. Reste à sortir le paquet de cartes et les différents jetons au centre de la table de la boîte commune. Et c'est parti, les hostilités peuvent débuter !
On retrouve dans cet opus beaucoup des éléments phares de la série, que ce soit les points de victoire, les trois types de ressources différentes, l'affrontement aves ses voisins directs via la majorité de points militaires, ou des avantages glanés par la science. Mais ici, le jeu est sensiblement épuré pour proposer une expérience beaucoup plus immédiate.

Le système d'Âge et le concept de tours prédéfinis des jeux précédents disparaissent au profit d'une ronde permanente, où chaque joueur n'a pas d'autre choix que de tirer une carte de l'un des trois paquets à sa disposition : la carte supérieure du deck commun face cachée, ou l'une des deux cartes face visibles disponibles entre lui et ses deux voisins directs. Quelque soit la carte, le joueur doit la placer à la vue de tous devant lui, qu'il décide de l'utiliser immédiatement ou plus tard dans sa partie.
Il existe 5 types de cartes dans le jeu, toutes très simples à comprendre. Une carte ressource (grise) peut servir à construire sa merveille, en commençant par sa base. Il n'y a pas besoin de défausser un type de ressource précis pour construire un pan de sa merveille, mais juste un certain nombre (identique ou différent) de matériaux de construction, toujours indiqué sur le morceau que l'on souhaite monter.

Une carte or (jaune) peut remplacer n'importe quelle ressource manquante lors de la construction d'un morceau de son édifice, alors qu'une carte progrès (bleue) offre des points de victoire supplémentaire en fin de partie.
Une carte science (verte) n'offre pas de bénéfice direct seule. Par contre, la collecte de 2 symboles identiques ou de 3 symboles différents permet de récupérer un des 4 jetons bonus disponibles de la réserve commune.

Le plus compliqué mécaniquement survient quand un joueur acquiert une carte rouge (militaire), qui ajoute autant de forces vives que de symboles combats présents à sa civilisation en prévision d'une phase de guerre. Si la carte affiche des symboles cornes, on retourne dès-lors autant de jetons conflits du centre de la table. Lorsque tous les jetons sont du côté "bataille", un conflit est déclenché, et chaque joueur remporte 3 points de victoire par majorité miliaire remportée sur chacun de ses voisins, avant de devoir défausser toutes ses cartes militaires disposant d'un symbole flèche.
Si on omet cette routine de phase de guerre et l'indispensable compréhension des symboles science, Wonders Architects affiche une accessibilité à toute épreuve, bien aidée par sa mise en place éclair et des règles qui s'expliquent en quelques minutes.

7 Wonders Architects est indiscutablement le jeu le plus léger de la gamme, celui où les choix tactiques sont les plus réduits, là où on peut le plus souffrir du tirage ou de l'agressivité de ses voisins. À cet égard, 7 Wonders Architects pourra sembler bien fade à des joueurs qui ont l'habitude de faire tourner le jeu originel, ou qui ont pris l'habitude aux joutes plus exigeantes de la version Duel (surtout avec ses extensions).
Mais si vous voulez initier un public à la franchise ou que vous avez besoin d'un jeu de plateau très rapide à sortir avec du monde à table, 7 Wonders Architects est le candidat parfait. Fluide, amusant, proposant une expérience dynamique avec une durée de jeu qui oscille entre 20 minutes et 45 minutes selon le nombre de joueurs, 7 Wonders Architects est ce genre de titre qui rassemble une famille ou des amis d'horizons ludiques divers autour de la table, donne envie à des novices d'aller un peu plus loin dans le jeu de société, tout en proposant une expérience assez rythmée pour ne pas ennuyer des "vieux de la vieille".

A ce sujet, le jeu n'oublie pas d'ajouter quelques subtilités bien senties, comme une petite lutte parallèle à un jeton chat qui offre le luxe de regarder la première carte de la pile commune au début de son tour. Où une certaine asymétrie des civilisations (par un petit pouvoir) qui ajoute un peu de densité stratégique au jeu, sans perdre les moins habitués.
Ce n'est clairement pas mon titre préféré de la gamme, ni le plus captivant à mes yeux. Mais je loue 7 Wonders Architects pour sa capacité à être ce genre de jeu passerelle toujours bon à avoir dans sa besace de prédicateur ludique. Et d'être ce petit encas un peu guimauve parfait pour clore un diner de fête qui touche à sa fin.

Si je m'attendais à un titre un peu plus exigeant, c'est un jeu qui, par ses visuels un peu plus modernes, l'accent mis sur son immédiateté, ses routines très universelles, une interactivité indirecte bien dosée, s'insert parfaitement dans la gamme de 7W. Reste le prix, peut-être un chouïa trop élevé pour moi au regard de sa simplicité et du public très large qu'il vise. Mais clairement Repos Production a préféré en mettre plein la vue avec ses GameTrayz. Et au vu des premiers retours des top ventes habituels, ce côté "luxe" semble être un pari gagnant.

