2 Pommes 3 Pains est indiscutablement l'une des grandes sensations du dernier festival International des jeux de Cannes.
Pourtant, personne (hashtag passionnés qui suivent les sorties au corps à corps) n'avait entendu parler du titre avant de fouler le tapis rouge. Et ce n'est ni la cover (qui ne paie vraiment pas de mine), ni le matériel minimaliste au possible (la boîte contient majoritairement que des cartes avec des pommes, des pains ou des pommes de pin), ni le gameplay d'une autre décennie (compter en moins de 5 secondes le nombre de chaque type d'éléments visibles) qui pouvaient laisser croire à un tel succès critique.
Mais il faut croire qu'un détail peut tout changer, et ici il tient en une règle : Une pomme de pin vaut ... 1 Pomme 2 Pains. Oui, vous avez bien lu, cela tient seulement en un jeu sur les mots, mais cela suffit totalement pour faire que la majorité des gens qui l'essaient ressortent de leurs parties avec une banane jusqu'aux oreilles.
Et si j'ai dis LES mots, c'est pour une bonne raison.
Car là j'évoquais juste la configuration de base, intégrant des cartes composées des trois éléments cités plus haut. Et pour être profondément honnête, si c'est rigolo et le passage obligé pour tous les néo compteurs gastronomiques, ce mode découverte s'apprivoise bien trop vite pour garder un quelconque intérêt sur la durée.
C'est là que qu'interviennent les 7 types de cartes à effet (immédiats ou permanents tant qu'ils sont visibles) supplémentaires de la boîte.
Bien sûr, on joue toujours de la même façon. Un joueur révèle une carte de la pioche, la place sur la prochaine des trois défausses tournantes (on en créée une si besoin), et ce même joueur a quelques poussières de centièmes de minutes pour donner son verdict, en débutant toujours par le nombre de pommes. Et en oubliant pas de dire "pas de" si aucun élément d'un type n'est présent.
Mais que vous choisissiez d'en rajouter deux, trois (comme conseillé dans la règle) ou toutes, vous allez voir nos mets sucrés français sous un autre visage. Du pain au lait qui demande à lever les mains et crier olé après l'annonce du joueur, à la compote de pommes qui "compte pour deux pommes" et demande au joueur actif de checker un joueur de son choix qui lui sera obligé de terminer son annonce, ces nouvelles cartes décuplent l'interaction à table tout en venant finir vos neurones déjà à bonne température.
Autant prévenir de suite, la part de vos joueurs qui n'aime pas s'adonner à des exercices cérébraux intenses dans un cours laps de temps aura déjà quitté la table. Mais avec des enfants, des bons vivants ludiques ou tout groupe de joueurs sachant mettre en pause son ego, 2 Pommes 3 Pains a pas mal d'atouts en main pour générer un moment de détente sous le signe de la jovialité.
Après, est-ce qu'on a envie d'enchaîner les parties ? Malheureusement pas si vous avez l'esprit de compétition, car si 2 Pommes 3 Pains failli sur un (micro) point, c'est sur le fait de ne pas réussir à créer assez d'enjeu pour maintenir son intérêt sur plusieurs sessions.
il y a bien sûr le type de gameplay, basé sur la rapidité, qui ne se prête pas à la répétition des efforts. Mais le titre manque aussi de moyen de gérer avec assurance les "ratés" (pas de sablier, les réactions tardives sur certaines cartes difficiles à contester, ...). Et le gameplay fait selon moi le mauvais choix de sanctionner les mauvais plutôt que de récompenser les bons, ce qui peut complètement casser la dynamique d'une partie si un joueur en deca des autres, ou s'il choisit volontairement de ne pas s'investir complètement.