
Le Tower defense. Peut-être l'un des genres les plus représentés sur téléphone mobile, et qui a même eu le droit à son âge d'or entre 2007 et 2012 avec des titres comme Plant vs Zombies (qui n'a pas usé ses doigts sur ce jeu lève le moignon).
Mais étonnamment, ce type de jeu n'a jamais vraiment percé du côté du jeu plateau. Des mécaniques peu adaptées, des auteurs pas inspirés, des joueurs loin d'être demandeurs, difficile de connaître les raisons. Mais depuis deux ans, un vrai intérêt pour le genre semble émerger. Il y a eu l'incroyablement réputé Cloudspire, qui n'a malheureusement connu une sortie par chez nous, et il y a eu Age Of Towers, réalisé par Guillaume Mazoyer (via Devil Pig Games).

Et je ne vais pas y aller par quatre chemins, le jeu est raté. Je ne vais d'ailleurs pas trop m'attarder sur les règles, qui reprennent les codes du genre, agrémentées d'un peu tous les poncifs du jeu de gestion actuel (carte évènements, rivière d'achats, etc...).
Chaque joueur doit défendre son royaume de l'arrivée de monstres, qui sont au nombre total de 10 plus un boss, tout en essayant de grapiller des points de victoire ici et là pour montrer qui est le patron du game.
Un tour de jeu inclut quatre phases distinctes, le crépuscule, la nuit, l'aube et le jour, où tour à tour un évènement va être tiré, les monstres vont se mouvoir (et attaquer s'ils arrivent dans votre château), vos tours de défense vont pouvoir agir, et vous allez pouvoir réaliser des actions diverses.

Le problème avec Age Of Towers, c'est que tout est laborieux. Rien que la mise en place est une plaie (pas aidé par un thermo aux abonnés absents). Si votre sens de l'organisation en sachets n'est pas du niveau prime time de Valerie Damidot, vous pouvez bien passer dix bonnes minutes à préparer le matériel pour les différents joueurs. Et cela sans compter les différents tirages (objectifs, piles de monstres) qui rajoutent à la corvée.
Vient ensuite la partie. Et là débute la réelle souffrance.

Dans Age Of Towers, on passe son temps à subir plutôt qu'à agir, à essayer de limiter les dégâts, à improviser, plutôt que d'anticiper et de se créer de vraies stratégies. Vous allez me dire, c'est le genre qui veut ça, on doit être constamment dans l'urgence, l'euphorie du moment. Si on veut une balade de santé, on joue aux petits chevaux.
Mais vraiment, dans Age Of Towers, on se sent vraiment limité. Deux actions par tour seulement, des monstres plutôt vifs et costauds, un marché variant très rapidement, je ne me suis jamais senti aussi faible depuis ma première fois (devant Maracaibo, sous entendu). Et cela, c'est sans compter sur les autres, qui prendront à malin plaisir à venir vous taquiner, via le biais des cartes évènements souvent négatifs et interactifs, ou l'utilisation d'une carte chèrement acquise.

C'est ballot, car s'il y a bien quelque chose qu'il est impossible de reprocher au jeu, c'est sa coquille. Le jeu est juste ... ma-gni-faï-que. Je sais je dis cela souvent ces derniers temps (c'est la faute du marché ludique), mais là les illustrations de Olivier Derouetteau (Trek 12, Bunny Kingdom) donnent un cachet monstre au jeu.
La cover de Age Of Towers est peut-être la plus belle que j'ai vu cette année, c'est pour dire... Et si on rajoute les plateaux qualitatifs et les petites tours en plastique bien détaillés, il y avait de quoi espérer une folie.
Et c'est peut-être pour cela que la déception est aussi grande. Car malheureusement, le poussin s'est vraiment barré avec les mouillettes, l'agricultrice mannequin sexy et le butin du marché aux puces (rien à voir, mais ça sonnait bien).

Car si l'essence est là, Age Of Towers est finalement un peu fade, et il manque au jeu vraiment tout ce qui fait le charme du genre. L'évolution des niveaux, l'armement de plus en plus conséquent, le placement hautement stratégique de chaque élément .. tout ce qui donne un côté jouissif à une défense réussit avec brio. Et le pire, c'est qu'Age Of Towers ne propose finalement aucun variabilité, à part les quatre objectifs de départ.
D'une partie à l'autre, on a toujours les mêmes monstres, les trois mêmes types de tour, et le même boss final (certes très coriace). Bien trop faible pour donner envie de redonner une chance au jeu.

