
On peut avoir joué à des millions de jeux de pose de tuiles dans sa vie (faut toujours exagérer), un titre peut toujours réussir à vous apporter ce petit vent de fraicheur vivifiant et qui fait frétiller les papilles ludiques. C'est le sentiment que j'ai eu en m'essayant enfin à Akropolis, une oeuvre du Jules Messaud / Pauline Détraz, et l'un des derniers "must-have" (selon la critique générale) de l'écurie Gigamic.

Pourtant, mécaniquement, on est sur un concept vu et revu des milliards de fois.
Les joueurs jouent ici le rôle de maîtres architectes qui ont pour but de rebâtir, mieux que les autres, l'ancienne ville méditerranéenne d'... Acropolis (surprenant hein ?). Pour l'emporter, il faudra que vos logements, temples, marchés, jardins et casernes respectent au mieux les conditions de construction en vigueur dans la comté.
La mécanique principale repose sur l'assemblage de tuiles composées chacune de trois sections hexagonales, sauf celles de départ de chaque joueur qui en ont 4. Chaque joueur en récupérera au moins une à chaque manche, qu'il ira chercher du côté d'un marché commun de tuiles en file indienne où le prix en pierre dépend de sa position (la première étant toujours gratuite).

Le scoring final se détermine lui majoritairement lui en faisant, pour chaque couleur, le produit des points rapportés par les tuiles districts avec le nombre d'étoiles multiplicateurs (places) visibles sur l'ensemble de son territoire.
Les règles de comptage des districts sont d'ailleurs faciles à prendre en main. Quand les tuiles résidentielles offrent des points selon la taille de votre plus grand groupe de tuiles bleues adjacentes, les marchés (jaunes) demandent à en isoler un maximum. Les tuiles casernes (rouges) doivent être placées en périphérie de votre ville, alors que les tuiles temples (violets) ne comptent que s'ils elles sont complètement entourées de tous côtés par d'autres hexagones.
Reste les tuiles parcs (verts), qui ont juste besoin pour être ajoutées à votre feuille de score... de ne pas être recouvertes par d'autres.

Car tout l'effet Kiss cool d'Akropolis vient de là : De la possibilité de pouvoir à la fois construire votre ville en largeur, mais aussi en hauteur.
Pour avoir le droit de placer une tuile horizontalement, il faudra juste qu'elle soit attenante à une autre tuile de votre ville. Si vous souhaitez la placer à un niveau supérieur, elle devra par contre être placée de manière à ce qu'elle recouvre en totalité au moins deux morceaux de tuiles inférieures. À noter aussi qu'il existe des hexagones blancs, les carrières, qui ont comme seul bénéfice (mais important !) de récolter un jeton pierre à chaque fois qu'ils sont recouverts.

Cette construction en 3D a en tout cas un réel impact sur le scoring, car si un hexagone recouvert ne compte plus dans le décompte, chaque district visible offrira un point par niveau où il est situé (un hexagone visible à l'étage 3 comptera pour 3 points).
Vous l'avez compris, c'est cette subtilité qui fait autant de l'originalité du jeu que sa richesse. Akropolis permet de se brûler agréablement le cerveau à tenter de réaliser la ville parfaite, en faisant continuellement le calcul des bénéfices à construire en hauteur, tout en jouant des à-côtés négatifs (perdre de précieux hexagones par exemple). Cette stimulation n'empêche pas le jeu d'être un puzzle game "smooth", ce qui combiné à des règles qui s'expliquent en 5 minutes et des parties très courtes (20 minutes max) ne fait qu'ouvrir l'expérience à un maximum de types de joueurs.

Je ne vous cacherai pas que je ne suis pas fan du thème et de la patte artistique (boîte surtout), pas assez accrocheurs à mon goût. Les différences entre les illustrations utilisées pour les districts seraient même, selon quelques retours, pas assez marquées pour faciliter le jeu pour les daltoniens.
Mais avec des tuiles bien épaisses et faciles à utiliser, un découpage intérieur de la boîte pratique, et des aides de jeu super bien pensées, le jeu compense nettement par une ergonomie générale irréprochable. Ce qui favorise forcément l'envie d'y jouer, et d'y retourner.

Un peu plus complexe qu'un Kingdomino, un peu plus rapide à score qu'un Cascadia, Akropolis se place donc comme une des belles valeurs sûres du genre. Il n'y a pourtant rien de foncièrement original ici, et pas certain que le titre ait assez de "mâche" pour amuser tous les joueurs des mois durant (malgré la présence astucieuse de règles alternatives).
Mais Akropolis est un vrai bon petit jeu d'entrée ou de fin de soirée. Et a ce petit supplément d'âme suffisant pour marquer les esprits, tout en donnant toujours l'impression d'avoir passé de chouettes moments ludiques en y jouant !

