Azul : Pavillon d'été
Azul : Pavillon d'été est le troisième titre de la saga Azul débutée en 2017 (avec un très mérité Spiel des Jahres). Après avoir travaillé pour le roi Manuel 1er durant les deux premiers opus, il est désormais temps de lui rendre hommage, en construisant le palais estival dont il a toujours rêvé.
On ne change pas un vitrail qui gagne
Et vous ne serez vraiment pas dépaysés si vous avez déjà joué aux précédents opus. Azul : Pavillon d'été repart sur les mêmes bases (des plateaux individuels, un nombre de tours prédéfini, le remplissage des fabriques via tirage au hasard de tuiles depuis un sac) et reprend à l'identique la désormais célèbre mécanique de sélection des tuiles de ses aînés.
Pour rappel, lors de chaque tour, chaque joueur est toujours obligé de piocher toutes les tuiles d'une même couleur. Soit depuis l'une des fabriques encore disponibles, soit du centre de la table (qui sert de défausse commune). Première subtilité, le jeu intègre désormais le concept de tuile « bonus», dont la couleur varie à chaque tour. Cette couleur de tuile ne peut pas être prise seule, mais si vous prenez une autre couleur de tuiles d'un endroit qui contient une ou plusieurs de ces tuiles « sauvages », vous êtes obligé d'en prendre un exemplaire.
Mais la grande « innovation », c'est qu'on ne place plus les tuiles juste après les avoir récupérées. Non. On les place une fois que toutes les tuiles du tour ont été attribués. Et ça ça change beaucoup de choses.
Car la nouvelle phase de placement suivant la récupération de toutes les tuiles offre énormément d'options de jeu, de stratégie... et de tension. Pourquoi ? Car le plateau individuel est ultra bien pensé : Vous avez un paquet de façon de scorer, des multiplicateurs à foison, mais il s'avère aussi beaucoup plus punitif si par mégarde vous n'arrivez pas à récupérer assez de tuiles d'une même couleur pour remplir vos objectifs.
On pourrait presque considérer Azul : Pavillon d'été comme un jeu à interactivité directe, tant surveiller le plateaux des autres, deviner leur stratégie et leur confisquer des tuiles peuvent gravement nuire à leurs ambitions.
Construire un palais, c'est long
Le revers de la médaille, c'est que les tours peuvent devenir très lents, à cause de l'intense réflexion que peut générer le jeu et l'analysis paralysis qui guette à tout instant. Durant ma première partie, la partie a été tellement serrée que rien que le dernier des six tours du jeu a duré... 25 minutes. Ça peut surprendre quand une partie classique est estimée à 1 heure grand maximum !
Autre gros défaut (ergonomique cette fois-ci), je n'ai jamais vu une piste de scores aussi mal adaptée à un jeu. Mais pourquoi diable une piste commune ingérable, fragile et qui oblige un joueur à s'en occuper constamment (la piste ne pouvant pas être placée au milieu de la table à cause du reste du matériel) ?
Clairement, Azul : Pavillon d'été est la version la plus stratégique et profonde de la saga. Je n'ai d'ailleurs pas évoqué toutes les subtilités du jeu (comme le malus premier joueur, le plateau de tuiles « bonus », etc...), mais elles apportent une richesse inégalée à l'opus.
Reste la question qui fâche et qui agite toute la communauté : Est-ce le meilleur Azul de la série ? En partie oui. Car avec ses nombreuses idées lumineuses et son concept de base poussé dans ses retranchements, Azul : Pavillon d'été est le jeu que les « gros » joueurs attendait. Par contre, si vous cherchez un Azul plus familial, moins prise de tête mais qui offre quand même du challenge et du fun, le Azul original reste indétrônable !
