
Hybris : Disordered Cosmos est un jeu expert qui ne peut pas laisser indifférent.
Il y a d'abord ce thème ultra marqué, qui nous plonge dans une monde mythologique où 4 Olympiens ont réussi à prendre le contrôle du Monde Mortel, et se battent maintenant pour décider qui deviendra le nouveau Dieu. Dans cette guerre durant au maximum 6 Âges, la victoire passera par trouver le parfait équilibre entre se développer technologiquement, étendre son influence sur les humains, réaliser des quêtes et le principal, faire s'élever son personnage. Un joueur l'emporte d'ailleurs immédiatement s'il réussit à débloquer la sixième amélioration de son plateau personnel. Sinon, il faut attendre la fin du sixième tour de jeu pour déterminer, aux points, le vainqueur de la partie.
Ce thème fort vient avec une débauche visuelle surréaliste. Une multitude de plateaux alambiqués qui forment sur le table une fresque d'une forme jamais vu auparavant, un art visuel retro futuriste qui déborde de chaque centimètre carré de carte ou morceau de carton imprimé, des dizaines et des dizaines de types de pièces différentes qui viennent se loger dans des thermoformages et boîtes de rangements ultra premium ... vous allez en prendre autant plein les yeux que l'ensemble va vous impressionner au moins durant la moitié de votre première partie, si ce n'est plus !
Et il y a ce monde mécanique, juste foisonnant. À une base de programmation de zone d'action possible par des jetons placés sous ses personnages en début de chaque tour, se conjugue du placement d'ouvriers offrant trois types (olympien, héros et prophète) ayant chacun ses contraintes, que ce soit dans le placement ou l'interaction avec vos adversaires.
Il faut rajouter à cela six zones de jeu communes différentes qui offrent chacune plusieurs emplacements et divers spécificités.
Sur le plateau Olympe, vous pourrez récupérer des plans de Technologie ou y convertir des Prières en échange de récompenses. À la Forge, vous devrez faire progresser vos Technologies en construction de l'Atelier à la sortie de l'Usine pour pouvoir les stocker sur votre plateau personnel. L'Oracle permet de récupérer des cartes prémonitions (missions) ou prendre connaissance d'une partie des mauvais présages que vous allez subir toutes les deux Eres, quand les Moires offrent d'enchaîner des quêtes en échange d'incroyables récompenses.
Vous pourrez aussi aller vous battre au Colisée pour convertir des guerriers à votre cause, où vous enfoncer dans les Enfers pour ressusciter un de vos Héros ou chercher de l'Aegis, la ressource principale d'Hybris : Disordered Cosmos. Reste à évoquer le Monde Mortel et ses différentes villes où vous pourrez aller récupérer la faveur des Humains, déployer vos Technologies ou déclencher des combats contre les autres joueurs... comme un bon Ameritrash des familles !
Et "fou", c'est l'adjectif qui me vient en premier quand je pense à ce Hybris : Disordered Cosmos, qui est rien moins que le ... premier projet de son auteur ! Un jeu à la boîte gargantuesque (qui déborde de matos), des dizaines de subtilités impossibles à expliquer en quelques lignes, un assemblage de mécanique "couillue", une asymétrie qui ne fait pas de la figuration ... la prise de risques était maximum, pour un ensemble à la fraîcheur indéniable et une thématique qui transpire par tous les pores du couple design / gameplay.
Ce que je n'ai pas dis aussi, c'est qu'Hybris : Disordered Cosmos déborde d'idées lumineuses à la pelle. Je citerai pêle-mêle ce système de quêtes hyper jouissif, qui demande autant de préparation que de l'opportunisme et de la chance pour réaliser des tours renversants. Ou alors le plateau combat, qui demande en général à prendre de gros risques en début de partie afin de s'adjoindre de nouveaux combattants bien utiles sur le long terme.
Malheureusement, cet Hybris : Disordered Cosmos me paraît peut-être un poil trop grandiloquent. Un peu trop de micro mécanismes qui alourdissent nettement l'apprentissage et la fluidité des tours; Beaucoup de la réflexion basé sur un jeu de contraintes et d'actions obligatoires rendant le jeu souvent plus dirigiste qu'il le laisse à penser; Un matériel qui privilégie trop le thème au dépend de l'ergonomie générale (plateaux, police d'écriture) ... Un ensemble de couacs qu'il est difficile de reprocher à un jeu qui montre autant de cœur, mais qui forcément le rend extrêmement clivant, surtout quand le titre tente le pari fou d'allier aléatoire ultra présent et eurogame exigeant.
Après tout ce que j'ai dis vous vous sentez tout de même la cible ? Foncez, vous trouverez certainement votre graal pour les trois prochaines années (car avec la tonne d'extensions déjà disponibles, vous en aurez des heures de jeu croyez-moi ...). Pour les autres, reste à voir si vous êtes prêt à mettre vos principes de côté pour tenter une aventure différente. Et si c'est le cas, l'expérience vaut le coup d'être vécue pour son mélange audacieux et son thème ultra présent, au moins une fois !

