Kingdomino Origins, c'est le tout dernier rejeton de la très populaire dynastie Kingdomino de Bruno Cathala. Mais ici, exit le thème médiéval : le titre plonge les joueurs dans la préhistoire en reprenant l'esprit des deux premiers jeux, tout en y allant de quelques nouvelles idées. Suffisantes pour révolutionner les sensations de jeu ?
Domino Day
Tout comme ses prédécesseurs, Kingdomino Origins est un jeu de pose de "dominos", qu'il va falloir habilement sélectionner et poser autour de sa mini-tuile grotte personnelle pour créer le territoire le plus prospère. À chaque tour, les joueurs sont amenés à réclamer une tuile (ou deux à 2 joueurs) d'un marché qui contient 4 tuiles ordonnées par leur numéro / qualité de leur "contenu". Une seconde colonne de marché est toujours installée en amont, de sorte que le joueur qui a choisi la tuile la moins intéressante du tour actuel réserve en premier sa tuile pour le tour suivant.
Dans l'ordre du marché, chaque bâtisseur prend et place sa tuile dans son aire de jeu de 5x5 cases (7x7 à 2 joueurs), en faisant en sorte que sa tuile ait toujours au moins un type de terrain coïncidant avec celui de l'une de ses tuiles déjà posées. À la fin de la partie, des points sont attribués pour chacun des 5 types de terrain du jeu (prairie, forêt, desert, glace et montagne), en multipliant pour chaque étendue indépendante le nombre de cases contigües par le nombre de symboles feux de la section.
Dans l'état, ce sont les règles du mode "découverte" de Kingdomino Origins et celles du Kingdomino premier du nom, à ceci près que la boîte intègre une petite nouveauté, les volcans. Disponibles sur certaines tuiles, ces perfides générateurs de malheurs sont pour une fois du côté des hommes, en permettant de placer un jeton feu sur une tuile proche à une distance inversement liée à sa valeur (1 case pour un jeton de 3 feux, 2 cases pour un jeton de 2 feux, etc...).
Vous en voudrez certainement plus rapidement. Et cela tombe bien, car la boîte contient deux modes additionnels pour donner plus de consistance au jeu.
Le premier, le mode "Totem", ajoute un système de ressources que l'on place en même temps que les tuiles, en suivant les indications sur les dominos. À chaque fois qu'un joueur obtient la majorité stricte dans une ressource, il récupère la tuile Totem correspondante. Le bénéfice ? Des points supplémentaires en fin de partie, en plus d'un point par ressource encore présent sur son plateau qui n'aura pas été détruite par un feu.
Le seconde, le mode "Tribu", intègre un marché supplémentaire, qui permet à la fin de son tour de recruter des mini-tuiles hommes des cavernes en dépensant des ressources. Ces tuiles doivent être placées obligatoirement sur une case ne contenant ni feu, ni ressource, ni volcan. Et permettent de gagner en général des points pour chaque ressource, feu, voir homme de cavernes, situé sur ses 8 cases adjacentes.
Le roi de la continuité évolutive
Je ne vais pas tourner 107 ans autour du pot en crachant sur mémé, Kingdomino Origins est une très belle réussite.
Rien qu'en tant que jeu autonome, si on ne tient pas compte du passif de son auteur, il se montre comme un jeu familial ultra calibré. Fortement basé sur des fondations qui ont fait leurs preuves, ce nouvel opus surfe parfaitement sur le système de pose et de comptage de points de la série, tout en ayant une personnalité propre qui le distingue des autres opus de la saga. L'ajout de trois modes est un plus indéniable, surtout que chaque mode ajoute ici assez de variance, de subtilités pour justifier de son intérêt, tout en permettant d'adapter la difficulté au public visé.
Un joueur qui a déjà joué à un Kingdomino n'aura donc aucun mal à prendre en main cet opus, alors que le mode "découverte" sera votre compagnon idéal pour faire découvrir le concept aux plus jeunes, voir à ceux qui n'y ont pas encore goûtés (cela existe, vraiment ?).
J'aime beaucoup en tout cas le nouveau thème choisi pour cette boîte, qui est mis en images de manière plus moderne et avec moins de sérieux que les "versions" précédentes (un peu ternes à mon goût). De plus, l'édition est sans faille, avec ses tuiles bien épaisses, ses meeples sérigraphiés en bois mignons comme tout, et son insert qui ne peut que motiver à sortir le jeu le plus souvent possible.
Reste que si vous connaissez déjà les précédents opus, il ne faut pas attendre ici à quelconque innovation ou des surprises en pagaille. Kingdomino Origins ressemble beaucoup à Kingdomino, tout en empruntant beaucoup à Queendomino pour ses modes les plus avancés. Si vous n'avez aucun Kingdomino à la maison, ou juste la boîte de base, c'est indéniable, Kingdomino Origins est pour moi un "best-of" de la série, le jeu à avoir, en plus d'être la mouture la plus personnalisable (et donc universelle) de la lignée.
Si vous avez Queendomino, la décision est plus rude, car cet opus reste un peu plus gestionnaire (par son système de développement), un peu plus sérieux. Alors que Kingdomino Origins est quand même plus immédiat, tout en étant d'avantage un jeu d'optimisation (ressources, placement des cavernes serré) dans ses deux derniers modes de jeu
Question de goûts et de couleurs donc, qui me font quand même dire que Kingdomino Origins tend plus à remplacer admirablement les deux premiers jeux de la série que d'apporter une revisite vraiment nouvelle du concept. Dommage que notre auteur national préféré n'ait pas profité du changement de thème pour ajouter un mode plus interactif ou des mécaniques un peu plus marquées.
Un choix éditorial que l'on peut regretter, mais pas longtemps. Car ce nouvel opus est vraiment chouette, et s'avère hautement recommandable en ces périodes de fête !