Nidavellir
Une contrée nordique en proie à la colère d'un dragon, des héros mandatés par le roi pour faire le tour des tavernes de la région afin de recruter les nains les plus valeureux... c'est le pitch de départ de Nidavellir, un petit jeu de collection et de course aux points de victoire qui a marqué le début d'année 2020 (et dont je n'avais pas encore eu le temps de parler, petit oubli réparé).
Si le bébé du trop rare Serge Laget (Les chevaliers de la table ronde, Cargo noir) a autant fait parler de lui, c'est déjà par la richesse de ses mécaniques. De l'enchère cachée, des avantages remportées à la majorité, une dose de bluff, ... Nidavellirinclut un petit cocktail équilibrée de sensations. Et ça, c'est sans parler du coin-building.
Euh du coin quoi ? Si vous voyez le deckbuliding, il suffit de remplacer les cartes par de l'argent. Dans Nidavellir, Chaque joueur débute avec le même ensemble de pièces sonnantes et trébuchantes, qu'il va pouvoir faire évoluer en cours de partie en échangeant la plus forte pièce d'un lot de deux contre une pièce correspondant à leur somme, et ce en piochant dans le trésor royal commun.
Ces pièces font le cœur du jeu, car plus leur valeur est grande, plus vous avez une chance de remporter la priorité à l'heure de vous départager les nains disponibles dans les trois tavernes, repeuplées entre chaque tour de jeu.
Nidavellir intègre un système intelligent pour gérer les égalités de mises, via des gemmes à valeur unique que les joueurs impliqués échangent ensuite pour que l'avantage ne profite pas toujours au même guerrier.
Qui dit jeu de collection, dit familles de nains différentes. On en dénombre 5 dans le jeu, chacune ayant sa règle de comptage particulière en fin de partie : Si pour les explorateurs on ne fait par exemple que totaliser les points de "bravoure" indiqué en haut à gauche, les chasseurs ou les forgerons suivent des suites mathématique plus complexes, reprisent heureusement sur le plateau individuel de chaque joueur.
Concernant la partie en elle-même, elle se découpe en deux actes, chacun se terminant quand toutes les cartes nains du deck correspondant ont été choisies. L'entre-acte inclut un décompte intermédiaire, qui permet à chaque joueur disposant du plus grand nombre de cartes dans une couleur de gagner un avantage lié.
Je ne m'étendrai pas sur toutes les subtilités du jeu (le fait de pouvoir gagner des héros notamment), mais les règles sont globalement simples, Nidavellir se prend facilement en main. Et fait toujours son petit effet à table.
Car en plus de proposer une certaine originalité de gameplay, le matériel suit. Les portes cartes héros à disposer tout autour de la table, le trésor royal en forme de promontoire, où chaque valeur de pièce à son emplacement, ... tout est fait pour en mettre plein la vue. Pour ma part je trouve que ces "artifices" nuisent un peu à l'installation du jeu, et n'étaient pas forcément indispensables. Mais ce défaut est vite pardonné une fois le jeu prêt à jouer sur la table.
Et je n'ai pas parlé des illustrations. Si le style noir et blanc de la boîte et des cartes personnages divisent clairement, je trouve personnellement que cela en jette. Et au moins cela à le mérite d'apporter de l'originalité à un thème qui lui ne l'est vraiment pas du tout dans le monde ludique.
Alors Nidavellir, le jeu parfait ? Non bien sûr. On peut lui reprocher un scoring un peu complexe à enseigner et prise de tête au moment de faire les comptes, le moment no fun du jeu qui peut heureusement être accélérée via l'utilisation d'une application qui de comptage bien utile.
On peut lui reprocher que le coin-building, la mécanique phare du jeu, voit son intérêt s'étioler au fil des tours, pour n'avoir quasi aucune incidence sur ce fameux scoring final. Les premières parties peuvent d'ailleurs faire pester certains, tout heureux d'avoir récupérer en vain un maximum de grosses pièces.
On peut aussi lui reprocher qu'on ne voit finalement que très peu des trop nombreux héros du jeu (vous en récupérerez maximum 3/4 si vous jouez l'équilibre). Passer 10 minutes à les expliquer pour n'en voir que deux dans son jeu au final, c'est un peu rageant, surtout quand on voit le potentiel combinatoire que certains ont.
Mais Nidavellir, c'est quand même un super petit jeu de collection, que je ne pensais pas si rejouable malgré des parties très courtes et des routines qui semblent évidentes à première vue. J'ai dû jouer bien une demi douzaine de parties avec des tablées différentes, et jamais le vainqueur a usé de la même stratégie.
Preuve que Nidavellir en a dans le ventre. Mais n'empêche que j'ai hâte de me frotter à Thingvellir!, la première extension prévue pour le jeu pour début décembre. Car je pense que le jeu a beaucoup de potentiel. Et qu'on en est qu'au début d'un beau conte scandinave.