Une fois n'est pas coutume je vais commencer par mon avis général : Je trouve que Nimalia est une vraie belle surprise au rayon des petits jeux de réflexion tout public.
Alors oui, on peut lui reprocher un thème un peu "plaqué", qui aurait pu être des fruits ou des modèles de tracteurs agricoles deux roues motrices que cela n'aurait pas changé grand chose. Ou peut-être un aspect visuel un peu enfantin qui, couplé à des cartes un peu fines, ne rendent pas forcément justice au gameplay plutôt "sérieux" qui se cache derrière cette petite boîte inoffensive de prime abord.
Mais à contrario, tout cela permet de rendre Nimalia hyper lisible et disponible au plus grand nombre, que ce soit dans l'appropriation de son sujet (construire un parc animalier, tout le monde aime ça non ?) et surtout côté porte monnaie (le jeu ne coûtant pas plus de 20 écus européens). Et ce serait dommage de s'en priver, car le bougre est empli de qualités.
Il y a déjà une mise en place ultra rapide. Mélanger les cartes tuiles et en faire une pioche face cachée, monter la piste de scoring (quelques cartes à imbriquer), choisir quatre objectifs (une de chaque couleur) et les placer autour de la carte de manche : Cela prend au grand maximum 30 secondes pour se lancer dans le grain bain.
Le jeu lui, consiste ensuite en une succession de manches où chaque joueur va récupérer tour à tour trois cartes animaux, les placer dans son "parc", puis procéder à un décompte intermédiaire de 2 à 3 objectifs (désignés par la carte déroulée de partie).
On ne choisit pas les cartes au hasard, non. Chaque joueur pioche 3 cartes au début d'une manche, en conserve une puis passe le paquet à son voisin de gauche ou de droite (selon le numéro du tour). On procède de mêmes avec les deux tuiles en main puis on finit par accepter poliment la carte que notre adversaire va gentiment nous offrir au troisième round.
Quand vient le moment de poser une carte devant soi, il y a bien sûr quelques règles à respecter. La plus importante, c'est toujours de recouvrir au moins une partie de la réserve en place, sans superposer une carte dans son intégralité. De plus, votre parc animalier doit en tout temps rester contenu dans une grille de 6 par 6 cases, en sachant qu'une carte contient 4 cases de base affichant chacune l'un des 4 biômes du jeu (jungle, savane, banquise et lac) plus la présence éventuelle d'un animal et d'un bras de rivière.
Et j'adore vraiment comment, avec si peu de règles, Nimalia réussit à proposer un casse-tête aussi grisant.
Vous serez constamment challenger entre le fait de devoir choisir entre les objectifs immédiats (ceux à comptabiliser en fin de manche), et la nécessité de prévoir un minimum pour ceux arrivant plus tard dans la partie.
En plus de stimuler le dynamisme par la composante simultanée des actions de chacun, la draft a la qualité de rajouter une part d'interaction fendard qui peut résolument faire tourner des parties à votre avantage. Car quoi de mieux que de passer à son voisin un maximum de biomes inutiles (donc gênants), voir un maximum de girafes qui lui fera perdre un gros avantage lié ...
La part d'incontrôlable est peut-être ce qui peut le plus faire débat dans Nimalia. Entre les joueurs qui "s'acharnent" (mais souvent pour ne pas s'handicaper eux-mêmes), et le tirage des cartes qui a le don de favoriser les plus en verve, il y a souvent de quoi crier à l'injustice. Et forcément, ceux qui pensaient jouer à un simili eurogame seront déçus du voyage anoncé en préambule.
Reste que si acceptez le deal de devoir construire votre parc en vous battant un peu contre "les événements", et que vous faites bien une petite présélection des objectifs en amont pour optimiser vos chances de passer une partie sympa (j'ai pu constater par exemple que deux cartes opposées avant tendance à casser le plaisir de jouer), vous pourrez tenir avec Nimalia le petit jeu de réflexion idéal pour combler n'importe quelle grosse demi-heure de temps mort de soirée.
Petit format facile à expliquer ... vraiment prenant une fois lancée, avec forcément quelques jolis mots qui volent quand quelqu'un fait une crasse à son voisin ... une adaptation continuelle qui fait que la victoire qui ne se dessine souvent qu'à la dernière manche ... Nimalia frôle l'excellence dans son genre. Mais je vous avouerai que bizarrement, j'ai été obligé de tempérer ma note suite à quelques parties où mon enthousiasme n'était pas aussi communicative qu'espérée (malgré toujours des retours très positifs de mes joueurs). Suis-je en train de perdre mon objectivité légendaire ?