
Il y a des jeux qui, l'espace d'une petite heure seulement, réussissent à nous transporter dans des histoires fantastiques, à faire travailler notre imaginaire à fond les ballons, tout en créant des expériences dont on aiment se ressasser les tournants et les ratés des jours durant.
Skulk Hollow fait partie, à la maison, de ces boîtes rectangulaires qui arrivent, juste avec quelques cartes et des jetons seulement, à nous envoyer dans une œuvre interactive aux multiples rebondissements.

Et pourtant, le bébé de chez Pencil First Games propose un concept vu et revu : Du jeu d'affrontement à mort pour avec troupes sur un plateau. Un terrain d'amusement qui semblera encore plus balisé au vue des options mécaniques mises en jeu.
Il y a d'abord des cartes à double usage, permettant de tout faire (se déplacer, se soigner, attaquer ...) et donnant au joueur toujours l'impression d'avoir une multitude d'options de jeu. Il y a ensuite un système d'allocation de points d'actions, avec un certain nombre offerts en début de tour et la possibilité d'avoir des coups bonus en dépensant des cubes pouvoir.
Il y a la présence de capacités de personnages, qui démultiplient les possibilités stratégiques tout en donnant une âme à chacun. Et il y a cette petite map commune de 3 x 3 cases, aussi ramassée dans ses possibilités que favorisant un contact permanent, pour une tension permanente.

C'est plutôt dans la forme qu'il faut chercher la surprise dans Skulk Hollow. Et là je vous assure, c'est du bain béni.
Ce qui marque le plus, assurément, c'est l'asymétrie poussée à son paroxysme, par le fait qu'un joueur dirige un bataillon de petits renards désirant coûte que coûte défendre leur forêt quand l'autre joueur prend le contrôle ...d'une créature disproportionnée !

King Kong, Shadows of The Collossus, l'Attaque des Titans, ... il y aura forcément une référence pop culture qui vous viendra à l'esprit en voyant des êtres aussi fragiles que courageux faire face à un monstre gigantesque, dont la puissance et la résistance sembleront sans limites, au moins au départ.
Tout est d'ailleurs fait ici pour donner l'impression d'une confrontation déséquilibrée pour le "gentil" de l'histoire. Outre le fait de devoir lutter contre une bestiole aux multiples points de vie et aux attaques spéciales capables de terrasser des zones entières du plateau (vaut mieux pas trop s'attacher à ses troupes, croyez moi!), les héros se verront régulièrement obligés de gravir physiquement de la bête pour atteindre ses points sensibles et de lui ôter temporairement des moyens de nuire.

Skulk Hollow offre d'ailleurs deux jeux dans le jeu, selon quelle faction vous décidez de contrôler. On a d'un côté un joueur qui doit prendre en main le destin d'un leader (4 au choix), et le faire survivre tout en montant régulièrement des petites armées de fantassins à même de toucher dans sa chair le monstre des lieux. Une mission qui semblera souvent impossible tant un mauvais placement ou une mauvais timing de ses cartes pourra causer la perte de la moitié de ses troupes.
Mais à contrario, ce joueur pourra sentir le souffle épique du coup magistral, quand son archer divertira le monstre pour que son paladin grimpe jusqu'à la tête du titan pour lui ôter l'usage de son rayon laser dévastateur. Avant de se faire balancer à l'autre bout de la carte par un revers du poing ...

Et de l'autre côté, le joueur aura en main une entité surpuissante dont il devra apprendre à maîtriser les forces et faiblesses, tout en s'adaptant continuellement aux pertes de compétences causées par l'intrépidité (et le talent slash chance) de ses minuscules adversaires.
Un jeu certes plus dirigiste, avec une palette d'actions moins dense et un leader adverse a ne jamais lâcher du regard. Mais qui oblige toujours le Gardien à se maintenir en mouvement, se retourner si besoin vers son deuxième objectif voir de changer complètement de peau, par la présence dans la boîte de pas moins de 4 créatures complètement différentes dans leur fonctionnement et leur approche.
C'est d'ailleurs le "gros" défaut qui revient souvent avec Skulk Hollow : On trouve souvent un camp beaucoup plus fun à jouer que l'autre. Un joueur néophyte ou un enfant prendra en effet souvent beaucoup plus plaisir à balancer une attaque touchant la moitié de la zone de combat que de tenter de synchroniser une attaque en triangle de trois animaux anthropomorphes. Alors qu'un joueur plus cérébral préférera la richesse de choix des renards au mode plus automatique du colosse.

Mais dans tous les cas, la rejouabilité s'avère juste dingue, avec ses 32 possibilités de jeu mécaniques (4 leaders, 4 boss, 2 camps), des tirages de cartes souvent surprenants, pour au final deux affrontements de suite qui ne sont jamais identiques, je peux vous l'assurer !
Reste juste à bien prendre en compte que Skulk Hollow n'est pas un jeu expert. Si la composante tactique du titre est indéniable, les règles très simples, le hasard du tirage prononcé et la temporisation trop permissive écarteront vite les spécialistes des jeux d'escarmouche.

Mais pour un duo cher et tendre ou parent / enfant, c'est une certitude : Skulk Hollow s'avère être une pépite méconnue du jeu à 2 qui peut vous faire passer de vrais bons moments !
Surtout que le jeu, en plus d'être un vrai bonbon d'amusement, pousse son thème attachant jusqu'à un matériel alléchant. Des jetons en bois à croquer, un art visuel remarquable, inspiré des dessins animés Disney des années 70 (Robin Hood en tête il va sans dire ...), et un système de mini boites beau et malin capable d'accélérer sensiblement la mise en place du jeu... vous avez tout ici du titre fait avec sérieux et amour capable de vous faire vivre une vrai film live (avec ses émotions et ses rebondissements uniques à chaque fois), pour peu que vous le sortiez avec les bonnes personnes !


