Helvetiq, c'est un éditeur suisse qui s'est fait une spécialité dans les petits jeux familiaux de réflexion ultra colorés au format mini (Bandido, Forest, et plus récemment les très bons Dice Trip et K3). Tucano, le jeu qui nous intéresse ici, est certainement le titre le plus accessible d'entre eux, non sans avoir le pitch le plus loufoque. Car vous y jouez le rôle d'oiseaux partis à la chasse aux fruits exotiques, afin de réaliser le repas le plus "gourmand". Mais les toucans rodent, et n'ont pas l'intention de vous laisser faire !
J'aime les fruuuuiiiiitssss ♫ ...
La mise en place de Tucano est du genre immédiate. Il suffit de mélanger les cartes, en faisant en sorte que les cartes toucan soient placées dans la deuxième moitié du paquet, et de créer ensuite un marché de trois cartes visibles tirées de la pioche (en rajoutant une deuxième carte en décalée sur la carte centrale). C'est tout !
Vient ensuite la partie, où chaque joueur doit, à son tour, choisir toutes les cartes d'une colonne du marché et les ajouter à sa collection de fruits, qu'il constitue devant lui. Ensuite, le joueur actif complète chaque colonne du marché avec une carte tirée de la pioche et passe la main à son voisin de gauche.
Chaque fruit vient avec son propre comptage de points dont on peut dégager deux grandes familles de fruits. La première contient des mets qui permettent de gagner des points en fonction du nombre d'éléments possédés, via un tableau indiqué sur chaque carte. La seconde offre un pécule de points au joueur qui possède la majorité de cartes dans la variété en fin de partie, à raison d'un point par carte. Ses adversaires écopent eux par contre d'un malus d'une carte par fruit possédé.
Les cartes toucans, qui arrivent dans la seconde moitié du jeu, rajoute un peu d'animation en permettant de donner ou voler une carte, voir de retourner toutes ses collections afin de les protéger du vol (mais au détriment de ne plus voir où vous en êtes). Il existe aussi une carte arc-en-ciel, unique, qui joue le rôle de joker et qui peut remplacer n'importe quelle carte fruit dans une collection.
Le jeu se termine une fois que la pioche est vide et qu'il ne reste qu'une colonne de cartes au centre de la table. Reste à procéder au décompte, et à la révélation du plus grand mangeur de fruits de la jungle !
Un jeu qui donne la banane
L'explication des règles de Tucano tient véritablement en 1 minute chrono, pour des parties qui dépassent rarement le quart d'heure. Et cette rapidité d'exécution, c'est vraiment la grande force du titre, qui peut miser sur une routine simple comme bonjour, une ergonomie irréprochable (tout est parfaitement indiqué sur les cartes fruits) et des illustrations punchy pour attirer du monde à sa dégustation.
Si l'extrême simplicité de la mécanique de collection pourrait le rendre fadasse, Tucano réussit à tirer son épingle du jeu grâce à deux de ses qualités. La première, c'est sa propension à proposer un large éventail d'ensembles à fort potentiel négatifs. Quand certains fruits offrent des malus à faible nombre ou si on en pas la majorité, d'autres se montrent à l'inverse néfastes quand on en a trop, voir dans une composition bien particulière. La deuxième, c'est l'interactivité gentiment méchante offerte par les cartes toucans, qui en plus de ramener une jolie ambiance autour de la table peuvent vraiment briser un ensemble et diminuer fortement un compte de points durement acquis.
Cela rend du coup la phase de sélection des cartes beaucoup plus tendue, surtout si chaque colonne propose un mix de cartes qui peuvent à la fois vous aider ou vous rajouter des malus gênants. Et les parties plaisantes jusqu'au bout, les derniers tours offrant souvent des pugilats par cartes toucans interposées afin de récupérer les cartes les plus puissantes, ou à l'inverse se délester des fruits qui risquent d'être un lourd fardeau à l'heure de procéder au décompte final.
Tucano reste un titre accrocheur, par ses mécaniques universelles et son apparat rayonnant, mais très simple au final. Ce n'est clairement pas un jeu qui offre une profondeur suffisante, des choix assez marqués, pour amuser des joueurs fréquents au delà d'une ou deux parties de remplissage. Par contre, ce qui est certain, c'est que c'est un jeu qui fait un malheur auprès des plus jeunes (entre 6 et 9 ans), tout en leur faisant réviser astucieusement leurs mathématiques et leur sens de la planification sur le court terme. Un petit encas qui, dans tous les cas, est une belle façon de conclure un dîner avec un dessert frais et sain !