Difficile de le nier, la culture populaire a souvent mis en avant des super-héros hommes. Superman, Batman, Captain America, Thor, Iron Man, Spiderman ... nos médias préférés sont trustés par la propagande de mâles alpha, que seules les récentes incarnations de Wonder Woman et Harley Quinn arrivent à légèrement contester aujourd'hui.
Mais Twisted Fables compte bien renverser l'ordre établie, en poussant sur le ring des femmes fortes de nos contes et légendes célèbres revisitées à la sauce cyberpunk. Et il est peut dire que ça décoiffe !
Round 1 ... Fight !
Twisted Fables est un jeu d'affrontement 1 vs 1 (ou 2 vs 2 avec deux boîtes) qui permet d'incarner pas moins de six personnages ayant chacun un style de combat unique. Quand Le Chaperon Rouge attaque beaucoup à distance, Kaguya mise sa puissance sur la défausse de cartes. Alors qu'Alice (d'au Pays des Merveilles) doit jongler entre 3 avatars de combat, La Belle au Bois Dormant commence endormie et révèle sa vraie nature une fois éveillée. Si Mulan est la bourrine du groupe, Blanche-Neige joue sur sa familiarité avec le poison pour amenuiser progressivement la vie de son adversaire.
Tout se passe ici à base de deckbuilding plutôt traditionnel dans la forme. Chaque combattante commence avec un ensemble de 9 cartes identiques plus 3 cartes propres à son personnage, et va pouvoir profiter de chacun de ses tours pour acquérir des cartes, soit du marché commun, soit de son marché personnel. Le pouvoir d'achat est généré en utilisant des cartes de votre main pendant votre tour, et chaque nouvelle carte nouvellement achetée rejoint votre défausse, qui n'est mélangé qu'une fois votre pioche épuisée. À la fin de chacun de vos tours, la puissance non dépensée est perdue et les cartes non utilisées sont défaussées.
La grosse singularité de Twisted Fables vient de la présence d'un plateau de combat 2D dont chaque case est une carte d'effet (que l'on peut désactiver pour les premières parties). Le jeu inclut des cartes de mouvements et une notion de portée, ce qui va vous obliger à souvent vous déplacer au préalable de vos actions pour que vos attaques touchent ... et surtout pour éviter un maximum de coups !
Le paquetage d'une joueuse comprend un plateau individuel qui répertorie les spécificités de son personnage, permet de gérer son niveau de vie et ses capacités de pouvoir et défense lors de son tour actif. À noter que dès que les points de vie tombent en dessous d'un certain seuil (propre à chaque personnage), la combattante peut sélectionner une carte Épique de sa réserve et la placer dans sa défausse pour une utilisation future.
Un tour de jeu contient pas moins de 4 phases. La phase initiale permet simplement de résoudre les effets durables des cartes encore présentes dans sa zone de jeu, dans n'importe quel ordre. La phase de rafraîchissement oblige, elle, à nettoyer sa zone de jeu et de réinitialiser son curseur défense à zéro.
Vient ensuite la phase d'activation, où l'on peut effectuer les actions suivantes autant de fois qu'on le désire. Jouer une carte de base offre, selon son type, de causer des dommages à son adversaire, d'augmenter sa valeur de défense ou de déplacer son personnage. Si vous pouvez requérir aux exigences additionnelles d'une carte Talent ou Épique, vous pouvez déclencher un pouvoir souvent plus puissant. Un renforcement permet de prendre, contre le montant en Pouvoir indiqué, une carte de base ou la carte supérieure de l'une de vos réserves de Talent. Se concentrer permet, en contrepartie de passer immédiatement son tour, de détruire une carte de sa main ou sa défausse. Si vous jouez avec les reliques, il est aussi possible de déclencher le pouvoir de sa tuile en défaussant une carte Talent.
Lors de la phase de fin, la joueuse doit effectuer quelques manipulations, à savoir remettre son compteur de pouvoir à 0, défaussez toutes les cartes de sa main et de sa zone de jeu (sauf celles avec les effets durables), piocher les six premières cartes de son deck, et résoudre tous les effets indiquant "à la fin de son Tour". Si vous avez utilisé une tuile Relique, vous placez également une nouvelle tuile sur l'emplacement vide de la zone de combat. Comme tout bon jeu d'affrontement, la partie se termine quand la santé d'un joueur tombe à zéro !
Finish her !
Impossible de parler des mécaniques de Twisted Fables avant de parler de sa plastique, qui a fait couler beaucoup d'encre. C'est sûr, on n'est plus ici avec les personnages tout gentillets et colorés des Disney de notre enfance. Non, ici, Le Chaperon Rouge est une tueuse cybernétique sans pitié, Blanche Neige a fait un pacte avec le diable pour revenir d'entre les morts et ravager des villages entiers, La Belle au Bois Dormant ne cherche qu'à se venger de son long séjour dans l'asile du coin ... l'univers est sombre, le jeu propose une vision du monde limite fin des temps, et le design général très "nipponisant" ne touchera clairement pas tous les publics.
Mais s'il y a une certitude, c'est que cette direction artistique donne au jeu un cachet monstre ! Le travail d'illustration, des cartes Talent aux cartes Reliques, est un pur régal pour les yeux. À tel point qu'on regretterait presque de voir les sublimes portraits du livret de règles réduits à des standees aussi petits. Surtout, ce choix donne une prestance dingue aux héroïnes, leur offre une "badassitude" comme Black Widow rêverait sans doute d'avoir (je fais aussi dans la critique ciné à mes heures perdues), et qui fait qu'on prend encore plus plaisir à les découvrir et à les faire évoluer dans ce monde ténébreux.
Pas mal de sites intégraient de base le pack de figurines 3d dans la commande, et il faut dire que cela ne termine que de valider la qualité globale haute du matériel, qui ne fait un petit écart que sur ses plateaux plastiques aussi moches que vraiment illisibles dans la pénombre. Mais qui compensent (un peu) en empêchant tout tremblement de terre de nuire à une défaite probable.
Et côté mécaniques, la surprise fut également ultra positive. Et pourtant, j'avouerai avoir eu des petits aprioris négatifs sur la faible variété de cartes communes (il y a véritablement que trois actions différentes !), et sur ces decks de Talents limités à quelques cartes par combattante. Mais dans les faits, chaque personnage offre une telle profondeur et se montre si unique dans son gameplay qu'il faut de nombreuses parties pour en faire le tour. Surtout qu'après avoir apprivoisé un personnage, il faut encore réussir à ne pas le rendre ridicule devant chacune des autres personnalités de la boîte. Pas une mince affaire quand les styles de combat, plus les choix de son adversaire et la façon de construire son deck, offrent des combinaisons illimitées !
Cette richesse est encore plus décuplée par la gestion spatiale du combat. Je n'avais jamais vu cela dans un jeu de duel et je ne comprends toujours pas pourquoi, tellement cela ajoute une surcouche tactique indéniable, en plus de raviver des souvenirs de gamers 16 bits.
Si je n'avais à citer qu'un seul gros défaut à ce Twisted Fables, ce serait sans conteste son ergonomie de tri vraiment pas terrible (pour ne pas dire un gros mot). J'ai bien mis 10 minutes à comprendre que chaque deck de personnages se reconnaissait avec un symbole minuscule dans le coin inférieur, auquel il faut rajouter les numéros encore plus petits pour préparer les paquets de Talents. Une véritable torture quand on ne reçoit pas les paquets ordonnés, ou si on a une vue plus proche du pilier de bar que de pilote de chasse ...
Un détail qui fait rager sur le moment (surtout quand on est pressé de lancer une partie). Mais que vous allez vite oublier en cours de partie, tellement le jeu qu'il est bien.
Et je vous avouerai qu'en tant qu'ancien gros consommateur de jeux de duel via cartes un peu blasé aujourd'hui, ça fait un bien fou de voir un jeu aussi bien amené, et se faire surprendre de la sorte !