
J'ai beau être de base très nature, créer l'intérieur le plus Fen shui en optimisant l'agencement des pièces et de mes biens, tout en faisant en sorte que mes plantes profitent du meilleur ensoleillement possible pour leur croissance, n'a jamais été dans mes tops thèmes attentes ludiques.
J'ai donc longtemps rechigné à tester Verdant, la toute dernière localisation de Lucky Duck Games. Jusqu'à ce que je me dise un jour que je suis quand même très con de rester bloqué sur un apriori débile, surtout quand j'ai plutôt apprécié les jeux précédents de la série.

Car à l'instar de Calico et Cascadia, Verdant s'inscrit totalement dans le moule des jeux Flatout Games, à savoir du jeu de construction de tableau à base de draft ouverte de tuiles, majoritairement remplacées ici par des cartes.
Le système de marché partagé de Cascadia, qui demande à prendre des ressources de la même colonne, est ici de retour. Mais Verdant pousse le concept un peu plus loin, avec l'ajout d'une troisième rangée et l'obligation de prendre un jeton objet (rangée du milieu) et l'une des deux cartes attenantes (soit une pièce, soit une plante).

Les jetons peuvent être de deux types. Vous pouvez trouver dans le sac opaque des éléments de décoration, que l'on doit directement placer dans une pièce pour améliorer son scoring final. Ou bien des ustensiles de jardinage, qui permettent, eux, de faire pousser plus rapidement ses plantes.
Une fois les éléments récupérés, reste à les placer dans son appartement fictif, qui doit s'inscrire dans une grille de 3 lignes par 5 colonnes. La principale règle à suivre est de respecter une alternance entre les deux types de cartes, de sorte qu'une pièce ne puisse pas être à côté d'une autre pièce, et idem pour les plantes.

Toute carte pièce posée permet de déclencher le verdoiement des plantes attenantes, alors que placer une plante permet de bénéficier de la lumière des pièces situées à ses côtés. Dans les deux cas, les conséquences sont simples, puisqu'on ne fait qu'ajouter un jeton verdure sur notre ami verte par symboles ensoleillement qui coïncident avec celui d'une carte voisine.
Si dans le processus la plante atteint sa taille maximale (à savoir avoir un nombre de jetons verdure égale à sa valeur inscrite en haut à droite), vous devez alors les échanger contre un pot de la plus haute valeur encore disponible dans la zone commune. Sachez qu'une fois que votre plante est mis en pot, plus aucun jeton Verdure ne peut être placé sur cette plante. Mais cette carte vous offrira en fin de partie le nombre de points inscrit en jaune.

Le marché doit être recomplété à chaque fin de tour, en n'oubliant pas de placer un jeton Pouce Vert sur la carte qui n'a pas été sélectionnée dans la rangée choisit par le précédent joueur. Ces jetons sont à jouer par paire, et peuvent être utilisés à tout moment de votre tour pour atténuer certaines limitations au moment de drafter des éléments, ou ajouter un jeton Verdure à n'importe laquelle de vos plantes.
La partie prend fin quand chaque joueur a effectué 13 tours (pour compléter son appartement). Vient alors un comptage de points assez complets prenant en compte vos plantes rempotées, les jetons Verdure restants sur vos cartes, des bonus si vous possédez une plante et une pièce de chaque couleur... Beaucoup du scoring se joue aussi sur des bonus de contiguïtés entre plantes et pièces du même type, qu'un objet de la même couleur placé sur la pièce permet de multiplier par deux.

Et tout cela fait de Verdant un jeu très agréable à dérouler. Je vais encore parler de Cascadia ici, mais pour son bien, car on est clairement dans le même moule de jeu facile à sortir et à expliquer, tout en proposant une réflexion assez calibrée pour amuser tous les publics tout en offrant des parties sans grands temps morts.
Vous avez aimé les autres jeux de la série ? Vous prendrez plaisir à jouer à Verdant, c'est une certitude. Et si d'aventure vous êtes passionné de décoration intérieur, il y a de grandes chances que Verdant titille votre corde sensible, bien aidé par un matériel et un travail visuel qui font réellement honneur à son sujet.

Reste qu'à titre perso, si on me propose une partie de l'un des trois, ce n'est pas celui que je choisirais. Car Verdant a pour moi un vrai défaut : Une hausse de la complexité générale qui ne se traduit pas assez dans la réflexion en jeu.
Car avec un peu plus de règles, des possibilités de scoring un peu plus variées, je m'attendais vraiment à lutter avec le marché, devoir prendre constamment des décisions déchirantes vis-à-vis de mon intérieur. Mais au final, satisfaire la soif de lumière des plantes (le plus gros pourvoyeur de points) et leur association avec des pièces du même type est bien plus facile qu'attendu, ce qui fait qu'une partie se décidera tournera beaucoup plus à l'avantage de celui qui récupéra en premier un maximum de pots, tout en sur-optimisant le mieux par rapport à ses adversaires.

Tout n'est pas sombre cependant, car Verdant gagne à contrario en justice du hasard et en fluidité de choix, ce qui peut indéniablement satisfaire beaucoup de joueurs. Mais cela lui fait perd selon moi le combat de la tension du tirage et la guerre du placement des tuiles, des qualités que je retrouvent plus dans Cascadia. Et qui font qu'il garde largement ma préférence..
Il est d'ailleurs dommage que le système d'objectifs (optionnel) soit souvent si difficile à satisfaire et avare en récompense, ce qui pousse peu à sortir de la course au Verdissement qui reste le chemin le plus direct vers la victoire. Reste que je conseille quand même de l'intégrer dès le départ à vos parties, car il y a quand même quelques cartes qui peuvent changer votre façon d'aborder une heure de jeu somme toute plaisante à vivre, surtout entouré d'autant de verdure !

