Un jeu de création de ville, moi je suis toujours client. Et quand c'est un jeu de création de ville qui né en 3D grâce à des éléments en bois tout mignon, je valide complètement. Merci World Wonders !
Je suis dans le Petra
World Wonders est un jeu de construction à base d'éléments polyominos et de formes en bois géométriques qui va vous mettre au défi de réaliser la cité la plus prospère à travers les âges. La base de votre ville est une carte quadrillée vide affichant des blocs de ressources naturels, des zones d'eau, trois bords montagneux et le reste de verdure, dont vous devez choisir collégialement la face avant de débuter. Vous y raccorderez un plateau plut petit affichant 5 pistes dont 3 pour la gestion de ses ressources, 1 pour le développement de sa population et 1 pour le décompte de l'or utilisé à chaque manche.
Une partie se déroule normalement en dix manches, mais elle peut être raccourcie si une des pistes population d'un bâtisseur atteint son maximum. Une remise à jour est effectuée au début de chaque manche avec le renouvellement des tuiles bâtiments (une par forme), la mise à disposition d'une tour (si la précédente a été achetée) et d'un certain nombre de routes, ce par lot de 3 petites ou 1 grande (variant selon le nombre de joueurs).
Chaque joueur débute chaque manche avec 7 pièces d'or et va pouvoir effectuer une action à chaque tour de table jusqu'à ce que ce pécule soit épuisé ou qu'il décide de passer.
La première action possible est celle d'Acheter une tuile bâtiment (de 2 à 5 Or), un lot de routes (1 Or) ou une tour (2 Or) puis la placer dans sa ville en respectant quelques contraintes.
Une rue doit toujours être placée adjacente à une autre rue ou le bord inférieur (dit trottoir) de sa grille personnelle. Une tuile bâtiment doit, elle, être placée à côté d'une rue ou un bâtiment de la même couleur, et ce sans toucher un bord montagneux. En contrepartie, le joueur gagne des symboles ressources qu'il engrange directement sur ses pistes. Si a un moment donné de cette manipulation il dépasse une ou plusieurs têtes blanches, il peut augmenter d'autant sa piste population.
Le joueur peut aussi Acquérir une merveille en piochant dans le mini-marché de trois éléments toujours disponibles pendant la partie, s'il peut bien sûr respecter les contraintes de types de zone et d'adjacences indiquées sur la carte correspondante attenante. La récompense va de 1 à 2 points de victoire en fin de partie, voir des ressources en cadeau pour certains édifices prestigieux. Un monument n'a par contre pas de prix fixe : Chaque joueur doit dépenser tout l'or du tour qui lui reste pour l'obtenir !
Il est aussi possible de Modifier l'ordre du tour à partir de la prochaine manche en montant sur le piédestal du premier ou deuxième joueur contre 2 Or. A la fin du tour, tous les autres joueurs seront reclassés selon l'ordre croissant de population, et si égalités de monuments présents sur leur plateau.
Et en plus de son action, un joueur peut Déclarer un prêt de 2 Or (sous la forme d'une tuile spécifique) qui peut être payé à n'importe quel moment de la partie contre 3 or, sous peine de perdre 2 points de victoire en fin de partie.
Le décompte final prend en tout cas ces éventuels malus en compte. Ensuite, il faut ajouter les points de monuments, les points de population (si vous avez réussi à atteindre les 3 dernières cases de la piste), les points de votre piste ressource la moins avancée. Reste à y additionner 1 point par bloc de ressource naturelle touchant une construction, et 1 point par tuile bâtiment sans aucun espace vide autour.
Et si vous jouez en mode avancé, reste à définir qui remporte la majorité pour chacune des trois cartes objectifs tirées au hasard au tout départ !
Plein phare d'Alexandrie
Alors World Wonders, le ok game qui tente de se faire passer pour un incontournable grâce à son matériel clinquant ?
On pourrait vraiment le croire au départ, tant son classicisme visuel ne lui permet pas vraiment de se démarquer, et que son pool de règles réduit au strict minimum semble, du moins sur le papier, le destiner à des petites heures de remplissage le dimanche devant un public pas trop motivé à s'employer.
Mais il y a bien plus d'intelligence et de prise de tête dans cette boîte, croyez-moi ! Car la richesse de World Wonders, c'est de réussir à créer une pression permanente autour de la sanction du marqueur ressource le plus bas (très punitive si vraiment vous n'y faites pas attention), tout en générant des dilemmes permanents entre le développement de zones fermées et la récupération de monuments.
Ces derniers peuvent d'ailleurs paraître peu intéressants de prime abord, car ils ne sont pas vraiment de bonnes sources de points de victoire, imposent pas mal de contraintes (demandant souvent plusieurs tours de préparation en amont), et ont souvent la manie d'allier formes alambiquées et grosse prise d'espace.
Mais se priver de merveilles, c'est résolument se bloquer une vrai manne d'éléments à bas coût (1 à 2 or si vous jouez bien, contre 4 ou 5 pour les plus grosses tuiles de couleurs) pour encercler des bâtiments et accéder aux ressources naturelles. Et il faut se l'avouer aussi : Rien ne vaut pour sa satisfaction personnelle une ville avec un maximum d'éléments 3D dessus, surtout si vous pouvez vous vanter d'avoir placer les pyramides de Gizeh juste à côté du cheval de Troie !
Et en plus de ces trois leviers différents à gérer continuellement, il faudra compter sur une tenue optimale de son réseau routier, qui demande un réel effort d'anticipation pour être certain de toujours pouvoir placer les pièces que vous attendez au moment où elles sont disponibles. Le pire, que vous n'éviterez d'ailleurs peut-être pas dans votre première partie, c'est de ne pas laisser assez de place pour insérer des rues, voir vous couper l'accès goudronnée une grande partie de votre carte. Car si oui les tours offrent un nouveau point de départ pour initier des rues, il y en a qu'une par manche, cela vous coûte un tour de table, et rien ne remplacera jamais les routes pour séparer facilement des types de bâtiments !*
Et là où World Wonders se montre malin, c'est en donnant une importance incroyable ... à l'interaction indirecte !
Déjà, par le fait que beaucoup d'éléments sont en nombre restreint à chaque manche, ce qui demande continuellement à surveiller les plateaux des autres joueurs pour ne pas voir une pièce en concurrence commune vous passer devant le nez. Vous allez d'ailleurs vous en rendre compte rapidement, les routes et les bâtiments peu chers sont des denrées précieuses sur lesquelles il ne faut pas trop tergiverser, surtout si vous savez que vous en aurez besoin assez rapidement.
Et ce n'est rien par rapport à la composante "blocage" du titre qui peut s'avérer aussi perfide que savoureuse : Ne sous-estimez vraiment pas les ennuis que vous pouvez causer à joueur en lui volant le bâtiment d'une couleur particulière ou le lot de routes qui semblait indispensable à sa stratégie. Voir laisser volontairement trois monuments à disposition qui ne "fit" pas du tout avec les plateaux de vos adversaires !
Alors bien sûr, je ne nierai pas que le gameplay (peut peut-être) se montrer répétitif à la longue, que les deux faces du plateau et le module objectif n'apportent pas une variabilité suffisante sur la longueur pour renouveler vos sensations après une dizaine de parties. Et que ce World Wonders n'apporte "mécaniquement" finalement rien de bien neuf au genre...
Mais cela n'empêche que World Wonders propose autant une intensité insoupçonnée qui peut en surprendre plus d'un, qu'un challenge sans temps mort véritablement stimulant quelque soit le profil des joueurs à table. Pour une évidence qui me fait dire que, un peu comme Cascadia il y a quelques années, ce jeu semble avoir toujours existé ... et avoir une place assurée dans toute bonne ludothèque qui annonce l'être !