Si vous avez un jour le doux rêve de gérer votre propre hôtel, Hellton Palace risque de vous faire définitivement changer d'avis. Car le nouveau jeu à 2 de chez Iello va vous mettre au défi de gérer pas moins que des divinités et créatures légendaires. Le genre de client qui ne s'embarrasse pas des conventions d'usage et du respect d'autrui. Et qui va vous imposer un véritable "jeu de survie", car vous ne pourrez gagner ... que si votre adversaire perd le contrôle de son établissement en premier !
Dans les faits, l'échec se détermine de deux façons : Vous n'avez plus de jeton Sonnette dans votre hall, ou votre Hôtel s'effondre tout "simplement" (plutôt rare dans la vraie vie, je le concède).
Les Jetons Sonnette mesure la satisfaction de votre clientèle. Vous en possédez 3 en début de partie et pourrez en perdre un en général dès qu'un client s'agace alors qu'il était préalablement énervé.
La résistance de votre Hôtel se mesure, elle ,grâce à la présence de 3 groupes de 4 piliers placés en bas de votre plateau personnel, qui représente en vue de coupe les 9 chambres sur 3 étages de votre gagne-pain.
La logique de jeu impose à chaque joueur de dérouler à tour de rôle les quatre étapes suivantes, jusqu'à ce qu'une des conditions de fin de partie se déclenche.
Tout commence par l'accueil d'un nouvel hôte. Le joueur actif doit pour cela choisir l'une des 18 cartes placées au préalable au centre de la table et la placer dans son hôtel en fonction de la ligne où il l'a prise (au deuxième étage si deuxième ligne). Vous pouvez trouver sur chacune d'elle son nom, le prix que le client paie et un cartouche indiquant les conséquences néfastes si on répond à ses demandes (ces deux derniers critères servant ultérieurement).
Il faut ensuite congédier ses tuiles grooms, en les retournant face visibles. Ce sont des "pouvoirs" bien utiles, au nombre de 5 par joueur en début de partie, qui permettent par exemple d'échanger deux hôtes de place dans son Hôtel ou supprimer un jeton d'irritation d'un client.
On peut d'ailleurs en activer autant que l'on veut à l'étape suivante, si on peut à chaque fois payer le coût d'activation indiqué dessus. Hellton Palace vient à cet effet avec un système de pièces de valeur 1 ou 3 que l'on peut obtenir durant la tournée des chambres, la partie "la plus technique" du jeu.
Car c'est à ce moment là que vous devez faire passer votre groom en chef (un meeple à la couleur de votre établissement) de chambre en chambre, en partant de la numéro 1.
Dès qu'il rencontre un client, vous pouvez soit l'ignorer, soit le servir. Ignorer un client oblige à rajouter dessus automatiquement un jeton irritation tiré de la réserve. S'il en possédait déjà un, c'est le drame : Il entre en colère et vous fait perdre une cloche précieuse.
L'action servir un client permet elle de retirer un jeton irritation de sa case, s'il y en avait un. En contrepartie, le client redevient satisfait mais oblige à déclencher, dans l'ordre d'affichage, tous les effets indiqués dans son cartouche. Bris d'un pilier dans sa "colonne", ajout d'un jeton irritation sur ses voisins calmes directs, retournement du client sur son autre face (qui affiche généralement un autre cartouche d'effets) ... le jeu intègre une petite iconographie maison dont certains effets peuvent provoquer des réactions en chaîne, pouvant même mener à une défaite précipitée si on ne réfléchit pas assez à l'enchaînement de ses actes.
Hellton Palace est à ce titre un jeu à ranger dans le rayon "prise de tête". Où placer tel client pour ne pas nuire trop rapidement à "l'équilibre" de mon hôtel, qu'est ce qui se passe si je ne sert pas cet hôte placé à côté d'un autre qui n'aime pas les personnalités irritées ...quelles conséquences si je ne sert pas tel hôte ... vous allez devoir vous poser des dizaines de questions lors de chacune de vos manches pour ne pas faire l'erreur qui pourrait précipiter votre chute.
La gestion de votre pécule est d'ailleurs une composante importante de Hellton Palace, et vous aurez à chaque fin de tour la possibilité, soit de récolter le "loyer" de vos clients, soit de récupérer une sonnette pour la suite de votre partie. Un dilemme qui devient de plus en plus compliqué au fur et à mesure de la partie, vous vous en doutez ...
Mais si je suis plutôt du genre à aimer me challenger (voir mon récent test de Turing Machine), Hellton Palace m'a finalement laissé lui complètement froid.
Déjà, parce que je trouve que le rythme de partie est un peu bancal. Si vous ne faites pas n'importe quoi, vous pouvez bien passer les 5/6 premiers tours à gérer tranquillement l'afflux de clients, tout en amassant un maximum de pognon. Cela en devient tellement "simple" qu'on peut même "essorer" la réserve de pièces et ne plus pouvoir récupérer son dû. Ce qui peut être agaçant quand on connait l'importance des tuiles grooms dans le jeu.
Ensuite, la partie commence à s'emballer, c'est certain, mais dans le mauvais sens du terme pour moi. Car on s'arrache littéralement les cheveux, non pas à survivre, mais à bien prendre en compte toutes les conséquences des effets d'une carte, à interagir avec tous les clients qui pourraient être touchés, à ne pas faire l'erreur qui pourrait fausser le résultat d'une partie.
Si elle n'est pas la seule fautive, l'iconographie n'est pas un modèle de clarté, et il manque indiscutablement des exemples de cas complexes qui permettraient d'éviter aux joueurs de "trancher" eux-mêmes au jugé.
La plaisir a du mal à se montrer, et n'est pas aidé par une partie casse tête, qui s'annonçait sympathique sur le papier, beaucoup moi fun dans les faits. Une histoire de feeling, de "pouvoirs" pas assez "rigolos", donc un ressenti totalement subjectif ... auquel il faudra rajouter le fait que je ne suis vraiment pas fait pour ces jeux de "survie". Ceux où il faut lutter contre une adversité qui ne cesse de s'accumuler jusqu'à l'excès, d'habitude l'apanage des jeux solos ou full coopératifs ...
N'empêche que je sors quand même de tout ça un peu deg'. Car s'il y a bien un truc que je loue dans Hellton Palace, c'est son originalité générale.
Je continuer d'apprécie son thème un peu fou, le choix d'intégrer des mécaniques plutôt rares dans ce format. Et puis j'adore cette DA ! Ce style Gothic flashy que ne renierait pas un Tim Burton dans une rare période joviale (quand il dort). Qui adossé à un matériel canon m'a fait littéralement acheter le jeu à la base, sans trop rien y connaître au fonctionnement du jeu !
Cela m'apprendra à ne pas lire mes tests avec d'acheter. Une bonne leçon à tirer (pour moi), mais un jeu qui vous reste à tester si vous vous sentez la cible !