Pappy Winchester
L'heure est au deuil : Pappy Winchester vient tout juste d'avaler sa chique.
Mais pas le temps de pleurer sa disparition, ressasser les bons moments où il nous crachait dessus car on avait tardé à nourrir les bêtes (oui j'ai des fantasmes originaux). Il est l'heure de se partager son territoire. Et pas à la française non, style partage égal avec 95% d'imposition de l’État. Trop simple. Mais plutôt à l'américaine, à coup d'enchères, de négociation, de bluff... et de balles de revolvers !
Ça claque dans le Kansas
La première impression est vraiment bonne. Les illustrations sont colorées, les éléments en 3D sont sympathiques, les billets font leur effet, le plateau et le reste du matériel sont très qualitatifs ... non vraiment, l'ensemble mets tout de suite dans l'ambiance et on se demande vraiment à quelle sauce on va être mangé.
Car j'avoue, malgré la campagne de publicité massive autour du jeu fin d'année dernière, je ne connaissais pas trop le principe du jeu. Et vu le matériel plutôt conséquent, le nombre de types de cartes, je me se dit que le jeu risquait d'être assez complexe à appréhender.
Et en fait pas du tout.
Le joueur actif tire au sort une parcelle. On passe ensuite à une phase d'enchères, qui désigne un vainqueur qui remporte la-dite parcelle, l'action bonus qui va avec. Et celui-ci devient le joueur actif pour le prochain tour. Point barre. C'est aussi simple que cela.
Bien sûr, il y a quelques subtilités en plus. Le jeu intègre un système d'objectifs à la fois commun et personnels pour pimenter le jeu. Certaines parcelles spécifiques permettent de remporter des gains aléatoires via des cartes placées face cachée au début de la partie. On peut aussi provoquer une fois par partie un joueur en duel pour gagner immédiatement une enchère.
Et il y a un saloon, qui permet de récupérer l'argent en trop lors du partage des paiements. Et c'est la mécanique la plus étonnante de Pappy Winchester. On ne paie pas les parcelles à la banque, non. Mais on répartit l'argent entre les différents joueurs pour dynamiser l'économie et permettre à chacun d'avoir toujours de l'argent à miser. Hyper logique (pour un héritage), et surtout malin.
On s’ennuie dans le Kentucky
Reste qu'après quelques tours de jeu, on remarque malheureusement deux gros défauts qui gâchent un peu cette première impression.
Déjà, Pappy Winchester est ultra répétitif. On dévoile la première parcelle, un tour d'enchères. Deuxième parcelle, un tour d'enchères... et ça jusqu'au 19 ème tour (nombre de parcelles total du jeu). C'est plus du travail à la chaîne qu'une expérience ludique. Même s'il nous arrive de devoir faire d'autres actions (bouger le train ou le bateau pour gagner des dollars supplémentaires), 95% du jeu, on le passe dans des phases ultra stéréotypées.
Car quoiqu'on en dise, l'humain a beaucoup de défauts mais reste un être plutôt logique : Il va passer son tour quand une parcelle ne correspond à aucun de ses objectifs, et miser un max dans le cas contraire. Il y a bien des objectifs communs qui permettent un peu de variété, mais ils sont attribués en général avant le 6 ème tour. C'est ballot.
Et le pire, c'est qu'on pense que gagner un maximum de parcelles c'est la victoire assurée. Mais que nenni. Car certes on gagne de l'argent à la fin, mais on en perd beaucoup pendant le jeu. Et pendant ce temps-là, les autres se partagent nos mises victorieuses. C'est donc le bordel, on a aucune visibilité sur le long terme. Et franchement, le jeu se joue quasi-à-pile ou face à la fin.
Alors ce n'est pas un défaut à 100%. Si vous cherchez du contrôle, de la stratégie, oui faut passer votre chemin. Mais si vous cherchez un jeu mignon, pas prise de tête, à jouer avec toute la famille, et que cela ne vous dérange pas d'avoir du full hasard, Pappy Winchester fera clairement l'affaire l'histoire d'une partie.
Mais il y a quand même une rumeur qui circule comme quoi on pourrait gagner sans faire une seule enchère. Je n'ai pas testé, mais si c'est vrai, vous en conviendrez que c'est quand même un gros souci de gameplay (ça fait plus pro et sérieux d'utiliser des mots techniques anglais).
J'espère juste ne pas avoir un souci avec les jeux d'enchères. Après ma critique assassine de Lost Cities : Les Rivaux, ce jeu prend un peu le même chemin. Faudrait vraiment que je pense à faire quelques séances de psycho-analyses pour essayer de trouver le fond du problème... Mais peut-être que je n'ai juste pas trouvé le jeu d'enchères où la mécanique est utilisée à la fois subtilement et habilement. Et si mon fils de 9 ans (joueur il est vrai) m'a dit qu'il trouvait le jeu "pas très intéressant", c'est que je ne dois pas être totalement dans le faux. Pas vrai ?
